La prévalence de l'infection par le VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) fréquentant des lieux de convivialité gay est estimée à 14,3 % en 2015, selon les résultats de l'étude PREVAGAY publiée mardi dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ».
Cette prévalence était de 4,4 % chez les moins de 25 ans. Les auteurs ajoutent que 91,9 % des participants de l'étude chez qui le virus a été détecté avaient déjà été diagnostiqués, et 94,9 % d'entre eux étaient sous traitement. Cette dernière donnée est assurée par le fait que les chercheurs ont recherché, dans le plasma des patients, des traitements antirétroviraux.
Si la prévalence de 14,3 % est qualifiée de « très élevée » par les auteurs, ces derniers se félicitent toutefois que les objectifs de l'ONUSIDA (90 % de séropositifs dépistés, 90 % de séropositifs dépistés sous traitement, et 90 % de patients sous traitements avec une charge virale indétectable) sont « quasiment atteints » dans cette population à fort risque d'infection. Les pourcentages de HSH n'utilisant pas systématiquement de préservatifs et ayant de nombreux partenaires n'ont que peu évolué depuis 6 ans, mais les risques de transmissions du VIH sont « indéniablement réduits », du fait des « 95 % de HSH diagnostiqués sous traitement », selon les auteurs.
De Lille à Nice, de fortes disparités
Les chercheurs du groupe PREVAGAY 2015, avec pour premier auteur Annie Velter de Santé publique France, ont effectué une recherche d'anticorps anti-VIH chez 2 646 hommes ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme dans l'année écoulée. Ces derniers ont été recrutés dans les bars, saunas et backrooms de cinq villes françaises : Paris, Lille, Lyon, Montpellier et Nice. Ils ont également répondu à un questionnaire comportemental. La moitié des 5 324 personnes invitées à participer ont accepté, avec de fortes disparités géographiques allant de 80 % de réponses positives à Lille à 42 % à Nice.
Une première étude PREVAGAY avait été menée en 2009, uniquement à Paris. À l’époque, la prévalence de l'infection par le VIH était de 17,7 % dans les lieux de convivialité de la capitale. En 2015, toutes les villes concernées par l'étude n'affichaient pas les mêmes chiffres : de 7,6 % à Lille à 17,1 % à Nice, et 16 % à Paris. Des prévalences « conformes à la dynamique de l'épidémie au VIH », précisent les auteurs.
Concernant les réponses au questionnaire, un peu moins de la moitié des participants déclarent avoir eu plus de 10 partenaires dans l'année, et 32 % ne pas avoir utilisé de préservatifs systématiquement lors de pénétrations anales. Le chemsex, ou la consommation de drogues psychoactives avant ou pendant un rapport sexuel, était rapporté par 21 % des HSH.
La prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) n'était connue que de 54 % des séronégatifs de l'étude, et avait été utilisée par 4 % d'entre eux. Précisons qu'en 2005, le Truvada n'avait pas encore obtenu sa recommandation temporaire d'utilisation (RTU) dans le cadre de la PrEP. Enfin, le recours aux tests de dépistage pour le VIH dans les 12 derniers mois parmi les HSH séronégatifs s'élevait à 63 %. Parmi les HSH qui ont refusé de participer, 21 % ont répondu à un questionnaire de refus. Ces HSH sont significativement plus âgés et seulement 10 % se sont déclarés séropositifs.
La prévalence en hausse chez les jeunes HSH
L'étude PREVAGAY a été menée par l'équipe nationale d'intervention en prévention et santé pour les entreprises (ENIPSE), et par l'INSERM, avec le soutien financier de l'ANRS. Dans un édito associé, le directeur de l'ANRS, le Pr François Dabis, a salué « le travail méthodique » d'Annie Velter et ses collègues.
Il estime « inquiétant » le fait que la « prévalence chez les HSH jeunes » soit « plus forte que dans d'autres villes européennes et en augmentation au fil des enquêtes ». Pour le Pr Dabis, ce constat « témoigne d'un problème d'adhésion des plus jeunes à nos politiques de prévention ».
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