Mal identifiée, surtraitée… la dépression réclame d’être mieux repérée et mieux prise en charge en soins de premiers recours, assure la Haute Autorité de santé (HAS), qui présente ses nouvelles recommandations en la matière. Celles-ci, contrairement à celles de 2002, s’adressent aux professionnels de santé de premier recours. Objectifs ? Mieux identifier les patients concernés, améliorer leur qualité de vie, et prévenir le risque suicidaire.
Ces recommandations décrivent les symptômes, les possibles diagnostics différentiels, les éléments à rechercher lors de l’entretien clinique ainsi que les outils d’aide au diagnostic. L’évaluation du risque suicidaire et de son degré d’urgence est au cœur du diagnostic et décidera de la nécessité d’une hospitalisation.
Plusieurs schémas de traitement
Le point majeur de ces recommandations consiste à présenter différents schémas de prise en charge selon le degré de sévérité de l’épisode dépressif (tout en précisant comment bien reconnaître ces différents degrés).
En cas de dépression d’intensité légère, les antidépresseurs ne sont pas au programme, rappellent les auteurs, et c’est la psychothérapie de soutien qui doit être privilégiée. Un avis psychiatrique, avec ou sans psychothérapie, peut être demandé, selon le choix du patient ou du médecin. « La psychothérapie de soutien est celle vers laquelle s’oriente spontanément le médecin généraliste dans ce cas », précisent au « Quotidien » le Dr Michel Laurence, chef du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS et Emmanuel Nouyrigat, chef de projet. Le patient peut de son côté être bloqué à l’idée de consulter un psychiatre, tout comme il peut préférer cette solution car il ne se sent pas à l’aise pour aborder plus avant son état dépressif avec son médecin traitant. »
En cas d’intensité modérée, un traitement antidépresseur peut être associé à une psychothérapie de soutien. « Ce choix est fonction de l’état clinique du patient et il est laissé à l’appréciation du médecin », précise le Dr Michel Laurence. En revanche, si l’intensité est sévère, un traitement antidépresseur doit être initié et un avis psychiatrique est nécessaire.
La surprescription d’antidépresseurs (hors intensité sévère) est ainsi dans la ligne de mire puisque les médecins prescrivent rarement une psychothérapie seule, même dans les cas d’intensité légère, et deux tiers d’entre eux proposent des antidépresseurs, associés par près de la moitié des prescripteurs, à une psychothérapie (comme l’indiquait une étude de la Drees en 2012). Quant à la répartition des patients selon les trois degrés d’intensité, une étude de l’INPES (parue en 2012) indique que, en 2010, 2,8 % des personnes âgées de 15 à 75 ans ont subi dans les douze derniers mois un épisode dépressif caractérisé sévère, 4,3 % un épisode dépressif caractérisé d’intensité moyenne et 0,7 % un épisode dépressif caractérisé léger.
Des catégories de patients spécifiques
Les recommandations de la HAS mettent en avance deux populations de patients : le sujet âgé et la femme enceinte ou allaitante. Pour le premier, la HAS recommande qu’une « relation de soutien soit proposée, si besoin, à leurs aidants » et rappelle que « la réponse aux antidépresseurs est plus lente que chez les sujets plus jeunes » et que les effets indésirables médicamenteux doivent être surveillés. Concernant la femme enceinte, si les stratégies thérapeutiques sont identiques par rapport au reste de la population, « un traitement non médicamenteux doit être privilégié ». Information de l’équipe obstétricale quant à un possible traitement antidépresseur et surveillance néonatale sont aussi au programme.
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