« LES HÔPITAUX sont confrontés à des violences qu’ils savent mal prévenir ou gérer », constate l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) dans un rapport publié sur le site Internet de la Documentation française. Ce rapport fait le bilan d’inspections réalisées ces cinq dernières années dans les établissements de santé mentale par les services de l’IGAS à la suite, ou non, de fugues, d’agressions et d’homicides.
« La gestion des ressources humaines dans les établissements de santé mentale est à l’origine de bien des difficultés », soulignent le Dr Françoise Lalande et Carole Lepine, membres de l’IGAS et auteures du rapport. « Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les effectifs de personnels qui font défaut, sauf exception localisée », mais le temps de présence des personnels qui a été réduit. « L’absentéisme des personnels soignants atteint parfois des niveaux inquiétants, les accords de réduction du temps de travail ont été négociés dans certains établissements de façon anormalement libérale et réduisent un temps de travail que viennent grignoter les trop nombreuses pauses des fumeurs », considère le rapport.
14 000 fugues annuelles.
L’absence de formation initiale des infirmiers à la prise en charge des malades mentaux est également soulignée. Ce manque de repères n’est pas sans lien avec des faits de maltraitance physique des malades par des personnels de santé « souvent livrés à eux-mêmes ». En outre, « certains mauvais usages hospitaliers qui ne respectent pas les droits des malades » – confinement dans des espaces étroits de patients aux caractéristiques diverses, négation de la vie privée, utilisation abusive des chambres d’isolement, « créent les conditions de passage à l’acte » de fugues ou de violences au cours d’un séjour dans une unité d’hospitalisation. Pour les auteures, « la conception même du dispositif hospitalier joue un rôle essentiel dans ces défaillances ». Les accès restent ainsi mal aménagés et peu surveillés, permettant notamment aux détenus et malades hospitalisés sans leur consentement de fuguer facilement. L’IGAS évalue entre 8 000 et 14 000, le nombre annuel de fugues de patients hospitalisés d’office (HO) ou à la demande d’un tiers (HDT). Quant aux détenus, ils sont une quarantaine à s’évader chaque année d’un hôpital psychiatrique.
Changer d’état d’esprit.
Pour inverser la tendance, l’IGAS appelle à un changement d’état d’esprit au sein des établissements de santé mentale. « Non seulement la sécurité et la qualité des soins ne sont pas des notions opposées, mais la sécurité fait partie de la qualité des soins », tout comme le « respect des malades ». Toutefois, « il ne faut pas demander à l’hôpital, son directeur et ses médecins plus qu’ils ne peuvent donner », commente le rapport. « Il ne faut pas exiger de médecins des diagnostics ou des pronostics sûrs à 100 % ou de guérisons garanties, quand aucun système de santé ne le permet et qu’aucune technique de prise en charge n’est fiabilisée », ajoutent les auteures.
Plusieurs recommandations sont émises par la mission. Parmi les priorités figurent la création de « véritables sas d’entrée » au sein des établissements et l’usage de badges électroniques ; l’équipement des personnels en dispositifs de protection pour travailleur isolé ; la mise en place de moyens de distraction pour les malades hospitalisés ; le remplacement des chambres collectives par des chambres individuelles.
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