DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
RÉUNIS à Lisbonne, les ministres de la Santé des « 47 », ou leurs représentants, ont adopté vendredi les lignes directrices rédigées par un comité de médecins et d’experts européens présidé par un pédiatre britannique, le Dr Simon Lenton. Ce dernier rappelle que la « santé des enfants » aujourd’hui, ne concerne plus seulement les enfants atteints d’une maladie aiguë, mais constitue un enjeu de société beaucoup plus large, avec la progression des affections chroniques comme l’obésité et les troubles mentaux. « Ces documents aideront les pays qui le souhaitent à mieux articuler les différentes phases des interventions, depuis la prévention jusqu’aux soins », explique le Dr Lenton. Ils visent, de même, à mieux répartir les tâches et les compétences au sein des différentes structures sanitaires et sociales et, à l’heure où les ressources sont limitées, à éviter les redondances ou les actions inutiles. Certes, ces lignes directrices ne révolutionneront pas les soins de santé dans les pays où l’organisation de la santé est déjà bien rodée, mais elles aideront les pays « moins avancés » à mieux répondre à ces nouvelles demandes de santé. « Même en France, soulignait par ailleurs un médecin membre de la délégation française, il est utile de confronter nos méthodes à celles des autres pays européens, et ces échanges d’idées et de vue ne sont jamais inutiles. »
Au-delà des stratégies, la conférence de Lisbonne a rappelé les grands principes qui devraient dicter dans toute l’Europe les soins prodigués aux enfants : tenir compte de leur avis autant que possible et associer les familles à tous les traitements, car « le médecin connaît la maladie mais la famille connaît l’enfant ». Des règles qui, là aussi, ne sont pas encore forcément respectées partout. Une enquête présentée lors de la conférence (« le Quotidien » du 30 septembre) a souligné que les petits Européens attendent plus d’écoute et plus d’informations face aux maladies et aux traitements qu’ils reçoivent.
Le Conseil de l’Europe appelle en outre tous les États à mieux répondre aux besoins de santé des enfants migrants ou issus de groupes défavorisés, en particulier les enfants roms. Il plaide, de même, pour le développement de structures de santé mieux adaptées aux besoins des enfants.
Mieux signaler les maltraitances.
La Conférence s’est penchée notamment sur les moyens d’améliorer la découverte et le signalement par les professionnels de santé des maltraitances ou des abus sexuels sur les enfants. Comme l’a souligné le Dr Bernard Marquet, chirurgien-dentiste à Monaco et membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, « il est assez simple de déceler des maltraitances à l’hôpital, car c’est là qu’aboutissent les cas les plus graves, et les professionnels de santé travaillent en équipe ». En cabinet libéral, au contraire, poursuit-il, « il est beaucoup plus difficile de signaler des violences, car si l’on s’interroge par exemple sur des dents cassées ou des plaies au visage, le patient et sa famille disparaissent et on ne les revoit plus ». Rappelant que Monaco « n’est pas une île et connaît les mêmes problèmes qu’ailleurs », il souhaiterait que les professionnels de santé libéraux soient mieux aidés et soutenus lorsqu’ils rencontrent ce genre de problèmes.
Les conférences ministérielles du Conseil de l’Europe, régulièrement organisées, débouchent à l’issue de leurs recommandations finales sur la préparation de nombreux programmes concrets, et ont permis ainsi aux pays européens de travailler ensemble sur de nombreux thèmes sanitaires associant questions éthiques, organisationnelles et médicales. Plus que la recherche d’un consensus européen forcément général, elles stimulent ainsi de nombreuses initiatives dans le domaine de l’organisation des soins, tout en invitant les pays européens à optimiser leurs démarches et la qualité de leurs services.
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