Entre 1890 et 1920, 23,5 millions de nouveaux venus ont abordé les ports américains des deux côtes. Cet arrivage a constitué « la plus grande vague d’immigration qui ait eu lieu dans ce pays avant l’époque actuelle » dit au « Quotidien », Alan Kraut, professeur d’histoire à American University, à Washington.
Ce mouvement de personnes ne s’est pas fait sans opposition. Le médecin et les personnels soignants étaient souvent les premiers à entrer en contact avec les immigrants à leur arrivée, avant même leur admission sur le continent. Ils ont joué un rôle important dans le dialogue national concernant l’assimilation. « Le corps des migrants était un terrain contesté, source de nombreuses questions, a expliqué Alan Kraut, lors d’une conférence récente. Les corps des nouveaux débarqués étaient-ils suffisamment robustes et en bonne santé pour être productifs et appréciés des Américains de souche ? »
Tuberculose et autre maux
Certains personnels médicaux, en accord avec les partisans du nativisme, étaient sceptiques quant à la possibilité d’intégration des migrants dans la vie américaine. D’autres, sont devenus des défenseurs culturels des nouveaux arrivants. Ils ont aussi été des médiateurs, encourageant les nouveaux venus à améliorer leur état physique. Les deux groupes d’immigrants les plus importants à l’époque étaient les Juifs, surtout ceux d’Europe de l’Est, et les Italiens du Sud qui venaient pour la plupart en tant que travailleurs saisonniers, souligne Alan Kraut. Ils étaient soupçonnés d’apporter la tuberculose et d’autres maux. Le Dr Manly Simons, directeur médical des forces navales américaines, écrivait : « Les Juifs des classes plus pauvres sont très malsains ; ils travaillent et vivent dans des milieux sales et mal ventilés (…) en tant que catégorie, les Juifs commencent à montrer une dégradation physique et mentale… ». Les Italiens catholiques du Sud étaient traités de façon similaire et les Chinois constituaient également une cible favorite, affirme Alan Kraut. Parmi les médecins alliés des étrangers, se trouvent deux immigrés, le Dr Antonio Silva et le Dr Maurice Fishberg.
« Le Dr Stella, est un personnage fascinant », indique Alan Kraut. Issu d’une famille italienne aisée, il avait fait sa médecine dans son pays et avait une clientèle privée influente, mais « il avait aussi une passion pour aider les pauvres ». Le Dr Fishberg, d’origine pauvre, était arrivé de Russie à l’âge de dix-sept ans, avait obtenu un diplôme de médecine à l’université de New York et était professeur de médecine à l’université de New York et à l’université de médecine de Bellevue. Il était le médecin-en-chef des œuvres de bienfaisance hébraïques. Tous les deux s’intéressaient à l’anthropologie. Tout au long de sa carrière le Dr Fishberg a rassemblé et publié des données montrant que, contrairement à la croyance de ceux qui avaient surnommé la tuberculose, la maladie juive, « les Juifs d’Europe de l’Est (peut-être à cause de leurs pratiques hygiéniques) avaient des taux de tuberculose inférieurs à la population générale, à la fois en Europe et aux États-Unis ».
De son côté, le Dr Stella montra que c’étaient les conditions environnementales créées par l’entassement et le logement qui faisaient que les « jeunes gens vigoureux de Calabre, les pêcheurs musculeux de Sicile et les femmes robustes des Abruzzes et de la Basilicate » retournaient chez eux malades ou mourants, après « six mois passés aux États-Unis ». « Nous oublions parfois, conclut Alan Kraut, que nous jugeons les gens sur leur apparence et leur état sanitaire. Dire qu’ils (les gens) vont faire du tort, est une accusation dangereuse. »
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