IL N’EST PAS impossible que le gouvernement ait laissé filtrer de fausses informations sur une conclusion dès juillet prochain du débat sur les retraites. Ce qui aurait permis à M. Sarkozy d’apparaître lundi comme un homme conciliant, tout disposé à laisser s’exprimer ses plus fervents adversaires et à tenir compte de leur avis. Quoi qu’il en soit, le chef de l’État a déclaré qu’il n’y avait pas de date-butoir : « Nous prendrons tout le temps nécessaire... pour que les Français soient clairement informés des enjeux et des solutions », a-t-il déclaré. Toutefois, le président ne peut pas nier que les sondages indiquent une forte résistance de ses concitoyens à la réforme, aussi bien sur l’âge de départ à la retraite que sur la durée des cotisations. Cette intransigeance repose sur des motivations légitimes : les caisses de retraite sont certes déficitaires, mais les Français contestent la manière dont sont réparties les recettes de l’État. Si la France s’est endettée pour renflouer les institutions financières, estiment-ils, elle doit le faire aussi pour protéger le système de retraites.
Ajourner la réforme ?
Ce qui signifie que la question des recettes est inséparable de la gestion de l’économie dans son ensemble. Le gouvernement prend bien soin de ne pas inclure la crise (conjoncturelle par nature) dans ses préoccupations et de ne tenir compte que d’un problème que même une forte croissance ne résoudrait pas : la longévité en augmentation constante de nos concitoyens, qui exige d’autant plus une prolongation des carrières que la qualité de vie des seniors s’améliore elle aussi chaque jour. Ce qui plombe les régimes, c’est que le temps de la retraite est deux à trois fois plus long qu’il y a cinquante ans. Le raisonnement peut contourner la crise, il ne peut pas l’ignorer. On peut même se demander s’il n’aurait pas été plus raisonnable de proposer une réforme l’année prochaine plutôt que cette année : la sortie de crise va être pénible. C’est aussi la crise qui empêche de lever quelques obstacles : par exemple, le gouvernement a pris des mesures pour favoriser l’emploi des seniors, mais il n’en verra pas les résultats avant longtemps. Dans l’esprit des salariés, il est exclu de repousser l’âge de la retraite tant que les entreprises se sépareront des plus de 55 ans pour redresser leurs comptes.
D’ailleurs, est-il indispensable de fixer un nouvel âge de la retraite ? Légalement, tout le monde peut se retirer à 60 ans, en bénéficiant d’une pension qui dépend des cotisations versées. Les candidats au départ connaissent le choix : une pension moins élevée ou une pension pleine au bout d’une durée de cotisations plus longue. Les syndicats ont fixé la barre très haut. D’abord, et sur ce point, on ne peut que les approuver, ils réclament la prise en compte de la pénibilité du travail. Si cette expression décrit beaucoup de situations professionnelles difficiles, elle donne lieu à de très vastes interprétations. N’importe qui, même un acteur de cinéma, peut dire que son métier est insupportable. En outre, si on dresse une nomenclature infinie de métiers pénibles, les exceptions deviendront la règle et l’objectif d’équilibre des régimes de retraite ne sera pas atteint.
LA CRISE COMPLIQUE LA RÉFORME
Ensuite, le gouvernement doit faire valoir un principe appliqué partout en Europe et que, manifestement, les Français n’ont pas encore assimilé : les régimes doivent être financièrement équilibrés quelle que soit la croissance, même si l’État n’est pas endetté, même s’il dispose d’excédents. Car un régime structurellement déficitaire devient vite insoutenable et doit être réformé au bout de quelques années. Nos voisins européens ont, pour la plupart, différé l’âge de la retraite et entendent, dans les décennies qui viennent, prolonger les carrières jusqu’à 67 ou 68 ans. Les syndicats présentent la retraite à soixante ans comme un acquis social intangible. Il n’existe pourtant que depuis 1982.
On ne voit rien, dans ce tableau, qui permette d’espérer un rapprochement des points de vue. Les syndicats entendent se battre sur les retraites parce qu’ils estiment avoir avalé beaucoup de couleuvres depuis que M. Sarkozy est au pouvoir. Ils sont tentés par la fuite en avant : la progression du chômage, l’arrivée en fin de droits de centaines de milliers de chômeurs, la paupérisation croissante de la classe moyenne les incitent à exiger du gouvernement une politique sociale très généreuse, quel qu’en soit le coût. La gauche a cependant tout intérêt à ce que la réforme des retraites soit mise en uvre avant la possible alternance de 2012. Pour Nicolas Sarkozy, qui veut inscrire cette réforme essentielle dans la liste des promesses tenues, l’enjeu est vital : si un accord est trouvé dans moins d’un an, l’horizon politique du président s’éclaircira un peu. Mais une crise sociale comparable à celle de la fin de 1995 risque d’enterrer son espoir d’un second mandat.
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