« ON A RAREMENT vu une initiative de santé publique apporter un tel retour sur investissement », se réjouit le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, en préambule du dernier rapport du Partenariat Roll Back Malaria. Le rapport de 137 pages, intitulé « Une décennie de partenariats et de résultats », montre les progrès sans précédents obtenus dans la lutte contre le paludisme depuis la résolution historique adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unis en 2001. Cette résolution, qui lançait la Décennie des Nations Unies pour faire reculer le paludisme, faisait suite à une série de sommets internationaux organisés dans les années 1990, qui ont conduit à la Déclaration du Millénaire et des huit groupes d’objectifs assortis d’échéances, qui ont mis un accent particulier mis sur des cibles prioritaires comme le VIH/sida ou le paludisme.
Changement radical.
L’année 2001 a ainsi marqué un changement radical dans le paysage mondial de la lutte contre cette maladie tropicale autrefois négligée, qui, selon les estimations encore imprécises d’alors, était à l’origine de plus d’un million de mort chaque année. L’apparition de nombreuses agences et initiatives a contribué à l’accélération des réponses apportées contre le paludisme, parmi elles, le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou encore l’Initiative du président américain contre le paludisme, le Programme d’accélération de la lutte contre le paludisme de la Banque mondiale, la Fondation Bill et Melinda Gates, UNITAID, l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme, la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU contre le paludisme. Le Partenariat RBM, fondé en 1998 et le premier à tirer la sonnette d’alarme, compte aujourd’hui 500 partenaires du public et du privé.
« Les résultats obtenus dépassent les attentes les plus optimistes », indique Ban Ki-moon. Le financement international de la lutte contre le paludisme a été multiplié par 15, de 100 millions de dollars en 2003 à 1,5 milliard en 2010. L’afflux de ressources s’est accompagné de la mise au point de nouveaux outils qui ont transformé la prévention et le traitement, moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée, pulvérisations intradomiciliaires d’insecticide, tests de diagnostic rapide, combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT), traitement préventif intermittent pendant la grossesse. Quelque 5 milliards de dollars ont pu être mobilisés de 2001 à 2010 et ont permis de développer le niveau de couverture sur tous les types d’interventions. Les moustiquaires imprégnées sont aujourd’hui distribuées de façon à couvrir près de 80 % de la population à risque en Afrique subsaharienne.
Objectif, zéro décès.
En dix ans, le nombre de décès dus au paludisme dans le monde a baissé de plus d’un tiers (38 %), en raison notamment de la réduction du nombre de cas d’au moins 50 % dans 43 pays, dont 11 pays d’Afrique. Rien qu’en Afrique subsaharienne, le nombre de décès évités chez les enfants de moins de 5 ans s’élève à 1,1 million. Les pays dans lesquels l’accès aux interventions antipaludiques a le plus augmenté ont vu la mortalité infantile chuter globalement d’environ 20 %. Au cours des quatre dernières années, trois pays supplémentaires ont éradiqué le paludisme sur leur territoire, le Maroc, le Turkémistan et les Émirats arabes unis, un événement inédit depuis 20 ans. Les progrès sont tels que le RBM envisage prévoit même que d’ici 2015 8 à 10 pays supplémentaires auront éradiqué le paludisme et que le nombre de décès pourrait être réduit à près de zéro.
« Nous sommes à des années-lumière de là où nous étions il y a dix ans », explique le Pr Awa Coll-Seck, directrice exécutive du Partenariat RBM, qui note parmi les clefs de la réussite l’important leadership dont ont fait preuve les pays africains. Mais ces avancées – « impressionnantes », selon le rapport – pourraient être remises en cause par l’apparition de moustiques résistants aux insecticides actuels et l’émergence, notamment dans la région du Mékong, en Asie, de parasites résistants à l’artémisinine. Toutefois, souligne le rapport, « la plus grande inquiétude est peut-être l’incertitude qui plane sur le plan du financement ». Les progrès doivent encore être consolidés et les efforts poursuivis notamment en matière de recherche en vue d’identifier de nouveaux outils tels qu’un vaccin.
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