Après une baisse « d’ampleur inédite » entre 2014 et 2019, la prévalence du tabagisme en France semble donner des signes de reprise, relève le Baromètre* de Santé publique France (SPF), publié le 12 décembre. En 2021, 31,9 % des adultes de 18 à 75 ans ont déclaré fumer. Un taux stable par rapport à 2020, mais en hausse par rapport à 2019 (30,4 %).
La prévalence est surtout en hausse chez les femmes et les moins diplômés (niveau de diplôme inférieur au baccalauréat) : le tabagisme quotidien est passé de 20,7 % à 23 %, entre 2019 et 2021, chez les premières et de 29 % à 32 % chez les seconds. « Un écart de 15 points est observé entre les personnes n’ayant aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat et les titulaires d’un diplôme du supérieur », est-il souligné dans un communiqué.
Un impact possible du Covid
« Cette tendance récente est observée également aux Pays-Bas, où la baisse du tabagisme observée depuis 2015 s’est interrompue en 2021 », est-il souligné, la prévalence néerlandaise restant toutefois inférieure à celle enregistrée dans l’Hexagone.
Cette hausse « pourrait être liée en partie à un impact plus fort de la crise liée au Covid-19 chez ces populations, avec une utilisation de la cigarette comme outil de gestion du stress, notamment liée à une augmentation de la charge mentale et une dégradation des conditions de travail chez les femmes », lit-on.
Interrogé sur France Info, le ministre de la Santé François Braun s'est dit préoccupé par « ce cumul de mauvais signes », en relevant que « ce sont les plus modestes, ceux qui sont les plus loin du soin qui fument le plus ». « Cette reprise, avec environ 700 000 personnes qui refument, n'est pas une bonne nouvelle pour la prévention », a-t-il poursuivi.
La prévalence du tabagisme varie par ailleurs selon les régions métropolitaines de 22 % en Île-de-France et Pays de la Loire à 28,5 % en Occitanie et 29,1 % an Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans les Drom, les prévalences sont moindres et connaissent une « baisse significative par rapport à 2014 à la Réunion, en Martinique, en Guyane », la Guadeloupe affichant une stabilité.
Baisse « encourageante » chez les hommes de 18-24 ans
En termes de quantité de tabac fumé, la variation entre 2020 et 2021 n’est pas « significative », est-il indiqué, les femmes déclarant fumer moins que les hommes en moyenne (11,8 cigarettes par jour contre 13,5). En parallèle, le recours à la cigarette électronique est croissant : « l’usage actuel d’une vapoteuse a été déclaré par 6,7 % des 18-75 ans, et la prévalence du vapotage quotidien s’élevait à 5 %, des proportions en hausse par rapport à 2020 (respectivement 5,4 % et 4,3 %) ».
Sur la question du sevrage tabagique, les tendances sont également stables pour les fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt d’au moins une semaine au cours des 12 derniers mois (30,3 %, stable par rapport à 2020) et pour ceux déclarant une envie d’arrêter (59,3 %, également stable).
Une baisse « encourageante », mais qui « reste à confirmer », est également observée parmi les hommes de 18-24 ans. Un résultat qui doit « nous inciter à renforcer la lutte contre le tabagisme, qui reste la première cause de mortalité évitable en France [quelque 75 000 décès chaque année, NDLR], commente Viêt Nguyen-Thanh, responsable de l’Unité Addictions à SPF. Les différentes actions de prévention mises en place par Santé publique France ont pour objectif de relancer la dynamique de baisse du tabagisme notamment parmi les populations les moins favorisées », poursuit-elle, alors que l’agence sanitaire prévoit de relancer sa campagne de sensibilisation en février 2023.
Visant à « déconstruire les peurs liées à l’arrêt du tabac », cette opération de communication met en lumière le « moment de bascule vers l’arrêt du tabac pour dédramatiser le passage à l’acte », à partir de témoignages d’anciens fumeurs ou de fumeurs en cours d’arrêt et de situations ancrées dans la vie quotidienne, explique SPF, rappelant l'objectif des autorités de parvenir à une génération sans tabac à l'horizon 2032.
*Ce baromètre consiste en une enquête téléphonique menée entre février et décembre 2021 auprès de plus de 30 000 personnes en métropole et outre-mer.
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