À LA DEMANDE de la direction générale de la Santé, le Haut Conseil de santé publique a réexaminé la stratégie vaccinale contre la rougeole compte tenu des nouvelles données de l’enquête de séroprévalence 2009-2010 réalisée par l’Institut de veille sanitaire (InVS). L’avis adopté le 11 février et publié sur le site du HCSP (www.hcsp.fr) tient compte de l’évolution récente de l’épidémie qui sévit en France depuis trois ans. Le Haut Conseil note que « la circulation du virus s’est particulièrement intensifiée début 2010 », avec, d’après les premières estimations, 5 018 cas déclarés contre 1 544 en 2009 et 604 en 2008. L’incidence serait de 7,7 cas pour 100 00 habitants, un nombre de nouveaux cas qui serait sous-estimé et l’on peut même penser, selon le HCSP, « qu’au moins le double de cas a pu survenir depuis 2008 », souligne le HCSP.
84 % de non vaccinés.
Surtout, explique le Haut Conseil, la distribution des cas en fonction de l’âge a évolué de manière significative depuis 2008, avec une augmentation de la proportion de cas âgés de moins de 1 an (4 % en 2008 à 8 % en 2010) et de 20-29 ans (11 % à 23 %). « Le taux d’incidence pour l’année 2010 a dépassé 50 cas/100 000 chez les enfants de moins de 1 an et de 15 cas/100 000 chez les 20-29 ans », précise l’avis.
Parmi les cas déclarés en 2010 pour lesquels le statut vaccinal était documenté (carnet de santé ou de vaccination), seulement 3 % avaient reçu 2 doses, 12 % avaient reçu 1 dose et 84 % n’étaient pas vaccinés. La proportion de cas vaccinés avec 1 dose, variable selon l’âge, était de 22 % chez les adultes nés entre 1980 et 1991.
Selon les recommandations actuelles, la première dose de vaccin trivalent (rougeole-oreillons-rubéole) a été avancée chez l’enfant à 12 mois (9 mois pour ceux qui vivent en collectivité) et la seconde dose avancée entre 13 et 24 mois, c’est-à-dire au cours de la deuxième année de vie (entre 12 et 15 mois si la première dose a été délivrée à l’âge de 9 mois.
Mais la vaccination vise aussi à protéger l’ensemble de la population réceptive. En effet, l’augmentation progressive de la couverture vaccinale depuis l’introduction du vaccin en 1983 a entraîné une diminution de la circulation du virus et la constitution d’une population réceptive : une proportion non négligeable d’adultes n’a ni rencontré le virus sauvage ni été complètement vaccinée ; ils ne sont donc pas immunisés.
Les modifications préconisées par le HCSP portent sur cette population pour laquelle un rattrapage vaccinal était recommandé : 2 doses du vaccin trivalent pour ceux nés en 1992 et après (jusqu’à l’âge de 19 ans en 2011) ; une dose pour ceux nés entre 1980 et 1991 n’ayant jamais été vaccinés (sujets âgés de 20 à 31 ans en 2011). L’intérêt d’une deuxième dose pour les personnes nées entre 1980 et 1991 avait déjà fait l’objet d’une première évaluation en 2005 sur la base des enquêtes séro-épidémiologiques de 1998 et de la situation épidémiologique de 2003. Celle-ci avait conclu qu’une deuxième dose n’était pas justifiée compte tenu du nombre annuel de cas évités, trop faible au regard du nombre de doses nécessaires pour mettre en œuvre la stratégie. De même, le rattrapage n’était pas justifié chez les jeunes adultes nés avant 1980 hormis dans le cadre du risque professionnel, le seuil de 5 % de sujets réceptifs n’étant pas atteint.
Calendrier simplifié.
La situation épidémiologique et les données de la dernière enquête de séroprévalence (2009-2010) remettent en cause cette première analyse. L’adjonction d’une deuxième dose dans le cadre du rattrapage vaccinal permettrait d’éviter entre 203 et 704 cas de rougeole tant que l’incidence reste à son niveau actuel (8 % des sujets âgés de 19-30 ans étaient réceptifs à l’infection au moment de l’enquête ), avec un nombre de doses additionnelles à administrer évalué entre 2,9 et 4,9 millions. « Une telle recommandation permettrait en outre de simplifier de manière important le calendrier », relève le HCSP. La stratégie serait alors identique (2 doses) pour tous les sujets de plus de 1 an ciblé par la vaccination. « L’adhésion insuffisante des professionnels de santé et du grand public » pourrait en partie s’expliquer par la complexité des recommandations.
Selon les nouvelles préconisations du HCSP, toutes les personnes nées depuis 1980 doivent avoir reçu au total deux doses de vaccin trivalent pour être correctement protégées. Pour les adultes nés avant 1980 (31 ans et plus), les mesures de rattrapage sont à appliquer dans le cadre professionnel pour les non-vaccinés et sans antécédent de rougeole (ou dont l’histoire est douteuse), pour les professionnels de santé et pour les personnes en charge de la petite enfance. Une dose de vaccin trivalent est recommandée ; la vaccination peut être pratiquée sans contrôle sérologique préalable systématique en cas d’antécédents de vaccination ou de rougeole douteux.
Enfin l’avis insiste sur les recommandations vaccinales en situation de cas groupés.
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