• Le Dr Bachir Athmani connaît les aéroports de Paris et de Pékin par cœur. Il exerce sa spécialité, la chirurgie plastique et esthétique, dans les deux villes. À sa connaissance, il est le seul chirurgien occidental à avoir décroché la licence permettant d’exercer la chirurgie plastique en Chine.
L’aventure débute en 1996. Bachir Athmani finit son internat, et part se former en Chine. En éclaireur. « J’ai découvert le plus grand hôpital public de chirurgie plastique au monde, raconte-t-il. Neuf départements et 360 lits entièrement consacrés à la chirurgie plastique. Une fois la barrière de la langue dépassée, les Chinois m’ont intégré et m’ont montré leurs expérimentations, une démarche beaucoup plus facile qu’en France. Quand ils ont une idée, ils l’essayent, et tentent de l’expliquer après coup. La technique du "lambeau chinois" est née de cette façon. »
En 1997, les Chinois n’avaient jamais vu de liposuccion. Certains sont partis, à leur tour, se former à l’étranger. Et la chirurgie esthétique, depuis 2003, explose en Chine. Il y a quinze ans, elle représentait 10 % de l’activité (contre 90 % de chirurgie plastique). Aujourd’hui, c’est 50-50. Les tarifs pratiqués sont variables. Un chirurgien européen ou coréen se permettra d’empocher le prix fort : 4 500 euros les prothèses mammaires ou la liposuccion, 9 000 euros le lifting. « Les patients payent en cash. Il n’y a pas de facilité de paiement », note Bachir Athmani. Après une expérience à l’hôpital américain de Pékin, le Dr Athmani exerce à présent au sein d’un hôpital privé. La société chinoise ne pose pas le même regard que l’Europe sur la médecine esthétique : « La chirurgie esthétique s’est banalisée en Chine, dit-il, on ne la cache pas. Les patients, surtout les femmes, sont très demandeurs. C’est un critère de réussite : on se fait opérer pour trouver un meilleur poste ou un mari intéressant. »
• Le Dr Guillaume Zagury est généraliste. Diplômé en France, marié à une Chinoise, aujourd’hui en poste à Shanghai, dans un cabinet privé. Ses honoraires sont élevés, à l’image du niveau de vie des Shanghaiens. Les inégalités ? Une réalité quotidienne en Chine : « La société chinoise n’est pas altruiste, observe-t-il. Le système actuel n’a rien de communiste : sans argent, pas de soins. Les gens épargnent pour leur santé. » Le chauffeur de son beau-père a besoin d’une greffe de foie : toute la famille de cet homme va s’endetter pour payer. Guillaume Zagury ne pense pas que les Chinois adopteront une Sécu à la française. « Ça leur coûtera beaucoup trop cher. Si le gouvernement investit si fortement dans la santé, c’est dans le but que les gens consomment plus de soins. Pour garder les 10 % de croissance annuelle. » Le généraliste français décrit une société en voie de « westernisation » : « Le café petit à petit remplace le thé. Les divorces se multiplient. Les jeunes acceptent de moins en moins les beaux-parents sous leur toit. » Où cela mènera-t-il la Chine ? « C’est difficile de le savoir, mais la Chine devra rapidement faire face à un problème pédopsychiatrique majeur. Les enfants uniques ont beaucoup trop de pression. » D’un strict point de vue médical, Guillaume Zagury note des améliorations. « L’influence occidentale a conduit les hôpitaux à développer la notion de service. Avant, l’avis du patient n’était pas pris en compte, on le perfusait de manière systématique. Maintenant, le médecin commence à se préoccuper du malade. C’est nouveau en Chine. Mais il y a trop de malades : beaucoup de médecins continuent de faire de l’abattage. »
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