ON PEUT PENSER ce qu’on veut du bilan de la droite au pouvoir, on ne saurait croire que demain on rase gratis. Autour de la prolongation de la vie active, il devrait y avoir dans ce pays un consensus de l’ordre de 90 %. Sauf à adopter un système d’économie administrée, il est impossible de ne pas harmoniser la durée des carrières profesionnelles avec l’espérance de vie. La gauche insiste sur la fiscalisation des banques, des bonus, des profits financiers, du rendement de l’épargne comme si toutes ces sources de financement réunies suffisaient à combler le déficit projeté des régimes de retraites. Dominique Strauss-Kahn a reconnu qu’il fallait abolir le dogme des 60 ans. Martine Aubry s’est aussitôt cramponnée à cette illusion néfaste, avec le soutien plus qu’enthousiaste de Marie-George Buffet (PC). Les syndicats et l’opposition sont libres de défendre des « acquis sociaux » à leurs yeux inamovibles, mais le signal qu’ils envoient aux autres Européens, l’Allemagne notamment, et aux marchés est désastreux : dès lors que la gauche est parfaitement en mesure de reconquérir le pouvoir en 2012, l’idée que la France continuera à vivre au-dessus de ses moyens risque de faire des ravages.
Solution unique.
On ne soupçonnera pas Martine Aubry de moins réfléchir que DSK. Il a exprimé le point de vue du directeur du Fonds monétaire international, elle s’adresse à l’électorat. C’est aux mêmes électeurs que pense le gouvernement quand il laisse entendre qu’il va bousculer la date-butoir des 60 ans, mais qu’il cherche en même temps d’autres solutions dont tout le monde sait qu’elles n’existent pas. Les syndicats affirment que leurs discussions avec le pouvoir ne sont qu’une comédie, que la réforme est déjà écrite et que, une fois encore, les dés étaient jetés avant le début de la négociation. Mais comment croient-ils que la France puisse un jour redresser ses comptes, diminuer la dépense publique et donner ses chances à la croissance, si l’épargne et les investissements restent plombés par des impôts qui, aussi élevés qu’ils soient, ne suffiront pas à équilibrer les régimes ?
LA RETRAITE EST UN RÉGIME LIÉ AU TRAVAIL ET AU SALAIRE
Faut-il regretter l’époque où Nicolas Sarkozy bousculait toutes les traditions sur son passage et conduisait les réformes tambour battant ? Si la conviction de départ de nos dirigeants repose sur la prolongation des carrières, la résistance syndicale et politique ne s’est-elle pas organisée autour du dogme des 60 ans ? Les syndicats pouvaient l’abandonner en échange de concessions sur la pénibilité de certains métiers et sur les personnes qui arrivent très tôt sur le marché du travail, à 17 ans par exemple, et ne sauraient, dans ces conditions, travailler plus de 43 ans. Non, il n’y a pas eu de négociation, mais pas seulement par la faute du gouvernement ; nos représentants syndicaux n’ont pas voulu envisager ce qui se produirait si la France passait à une retraite à 61, 62 ou 63 ans. On va faire faire des manifestations, on va incriminer les spéculateurs, les riches, les banquiers, les traders, on va encourager le rêve d’un peuple dont le réveil, tôt ou tard, sera terrible. Au moment où l’on parle d’une convergence économique et fiscale des pays de l’Union européenne, nous sommes les seuls à nous cramponner à la retraite à 60 ans. Il suffit de faire ce constat pour comprendre notre perte de compétitivité à l’exportation. Il y a de la démagogie à gauche à agiter un vain espoir, il y en a à droite quand la majorité espère abolir le dogme sans avoir l’air d’y toucher.
La retraite et les assurances contre la maladie et le chômage ont été conçues comme des systèmes liés au travail et aux salaires. Il faut se souvenir qu’un salarié qui touche 2 000 euros par mois en coûte 3 000 à l’entreprise qui l’emploie. La CSG a révolutionné le système. Elle s’applique à tous les revenus. Elle pèse sur la petite épargne comme sur la grosse. L’ensemble des cotisations sociales réduit la capacité des sociétés à investir. L’argent n’est pas une horreur, c’est une matière première pour le développement des entreprises, et donc pour créer des emplois. Plus la richesse nationale va vers les cotisations, moins il y a d’argent pour moderniser l’économie. Ce qui ne signifie pas qu’il faille abolir les contributions et les prestations: il faut seulement les limiter.
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