L'explosion des batteries à lithium des cigarettes électroniques, c'est un risque que l'on évoque rarement, les débats se focalisant davantage sur les risques potentiels liés à l'aérosolisation des liquides utilisés dans les e-cigarettes.
Mais cette semaine, des professionnels de santé américains tirent la sonnette d'alarme dans le « New England Journal of Medicine ». Ces neuf médecins et infirmières de l'hôpital universitaire de Washington, à Seattle, affirment que le risque d'explosion est plus important que prévu, et plaident pour un meilleur encadrement de la cigarette électronique aux États-Unis.
Et pour cause, en l'espace de huit mois (d'octobre 2015 à juin 2016), rapportent-ils, pas moins de 15 patients ont dû être pris en charge à l'hôpital de Seattle pour des blessures consécutives à l'explosion de leur e-cigarette. Une proportion impressionnante quand on considère qu'entre 2009 et 2014, 25 cas d'explosion avec blessures ont été rapportés aux États-Unis, selon les chiffres avancés par les auteurs. Mais le nombre total d'explosions – incluant celles qui n'ont pas fait de blessés – est sans doute plus élevé.
En majorité des brûlures thermiques au niveau de l'aine et de la cuisse
La majorité des incidents recensés à Seattle ont eu lieu alors que la e-cigarette se trouvait dans la poche du vapoteur : 53 % des incidents répertoriés concernaient une blessure à la cuisse ou à l’entrejambe ; 33 % des blessures se situaient au niveau des mains et 20 % à la figure.
Concernant le type de blessure, 80 % des patients présentaient des brûlures thermiques (dues aux flammes), 33 % des brûlures chimiques et 27 % des blessures dues au souffle de l’explosion.
Les auteurs qualifient le risque d'explosion de « problème de sécurité publique » : « Nous supposons qu’avec l’utilisation croissante de ces dispositifs, de nombreux hôpitaux dans le pays vont voir une augmentation des cas de blessures liées à l’explosion des e-cigarettes. »
Des explosions de l'ordre d’un sur un million
En France, des médias rapportaient justement fin septembre le cas de d’un Toulousain grièvement brûlé à la main et à la cuisse suite à l’explosion de sa e-cigarette, dans sa poche, alors qu’il conduisait.
« C'est un problème connu qui concerne toutes les batteries… En France, il y a des normes sur la cigarette électrique qui reprennent les normes batteries, et qui exigent une certaine qualité. Ce qui n'empêche pas qu'il y ait un petit nombre d'entre elles qui explosent – ça tient à des petites impuretés dans la fabrication de la batterie – mais on est de l'ordre d’un sur un million », explique le Pr Dautzenberg, président de la commission de normalisation AFNOR sur les cigarettes électroniques et e-liquide.
Ce dernier regrette que le type d’e-cigarette consommée par les 15 blessés américains n'ait été précisé dans la tribune. « Ce qu'il faut c'est savoir quels types de batteries sont concernés, si c'est le petit producteur local qui a fait des batteries défectueuses… A priori, j'aurais tendance à dire que les batteries des cigarettes jetables sont plus à risque que les non-jetables. »
En France, une surveillance accrue
Le pneumologue rappelle que les produits qui arrivent sur le marché en Europe sont bien mieux surveillés qu'aux États-Unis : « Tous les produits qui arrivent sur le marché sont déclarés, enregistrés, il y a un devoir de signaler tous les incidents dans le système de matériovigilance. »
En ce qui concerne la prévalence de l'usage de la e-cigarette en France, elle est évaluée à 4 % (34 % de fumeurs), en baisse significative par rapport à 2014, selon les premiers résultats du baromètre cancer 2015, publiés cette semaine dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de l’Institut de veille sanitaire (InVS), et provenant d’une enquête téléphonique réalisée auprès d'environ 4 000 Français.
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