Les données de la littérature sont encore modestes concernant les possibles effets biologiques des ondes électromagnétiques à haute fréquence spécifiques du réseau 5G qui sera bientôt déployé en France. Tel est le constat dressé dans le rapport préliminaire de l'ANSES, préambule à son travail d'évaluation dont les conclusions doivent être rendues publiques au premier trimestre 2021. L'ANSES a été saisie le 9 février dernier, dans le cadre de la feuille de route gouvernementale « 5Gs », pour étudier les caractéristiques des ondes émises non seulement par les relais, mais aussi par les objets connectés.
Les premières offres 5G seront lancées fin 2020, elles exploiteront les fréquences déjà utilisées par les technologies 2G (900 et 1 800 mHz), 3G (900 et 2 100 mHz) et 4G (800, 1 800 et 2 600 mHz), mais aussi les nouvelles bandes 3,5 gHz et 26 gHz. La bande 3,5 gHz est destinée à une couverture très étendue de téléphonie mobile, quand la bande 26 gHz est destinée à un usage plus localisé. La 5G est une technologie « globale » qui rassemble les applications de téléphonie mobile très haut débit, l'industrie connectée et l'internet des objets. Selon les déclarations des opérateurs, la 5G devrait offrir un débit jusqu'à 10 fois supérieur à celui de la 4G.
Une recherche concentrée sur les technologies antérieures
Dans leur rapport préliminaire, les auteurs de l'ANSES précisent que, jusqu'à présent, « la recherche s'est principalement concentrée sur les champs électromagnétiques de fréquence inférieure à 3 gHz ». Concernant les fréquences plus élevées, « les données de la recherche sont encore peu nombreuses, ce qui est préjudiciable pour l'étude de leurs conséquences éventuelles sur la santé des populations et compte tenu de leurs utilisations à venir », ajoutent-ils.
Entre 2009 et 2016, l'AFSSET puis l'ANSES ont produit 3 rapports d'expertise sur les effets des gammes de fréquence comprises entre 8,3 kHz et 6 gHz. À cette occasion, les auteurs ont dénombré seulement 5 études concernant l'exposition à des ondes comprises entre 3 et 4 gHz.
Paradoxalement, les effets de l'exposition aux ondes de 26 gHz sont décrits par plus d'un millier d'études, comme l'explique Olivier Merckel de la Direction de l'évaluation des risques de l'ANSES : « Plusieurs professions utilisant des scanners corporels sont exposées quotidiennement à des gammes de fréquences similaires. » Les études portant sur ces expositions professionnelles ne laissent pas entrevoir de risque sur la santé des personnes.
Sommeil, fertilité masculine, gliome
Pour l'ANSES, les expositions à des ondes électromagnétiques de 3,5 gHz et à des ondes de 26 gHz sont à étudier séparément. Les modalités d'exposition des tissus et les effets sanitaires potentiellement associés seraient en effet a priori différents. L'ANSES s'interroge en outre sur la pertinence d'extrapoler à ces bandes de fréquence les expertises précédentes sur les effets des radiofréquences comprises entre 8,3 kHz et 2,45 gHz.
Si l'on en croit la littérature, l'exposition prolongée à de telles gammes de fréquence est associée à des effets péjoratifs sur le sommeil et la fertilité masculine (éléments de preuve limitée chez l'animal). Chez l'humain, il existe des éléments de preuve limités concernant une augmentation du risque de neurinomes du nerf vestibulo-acoustique et du risque de gliome pour les utilisateurs intensif de téléphone mobile (plus de 1 640 heures). D'autres éléments de preuve tendent à démontrer une modification physiologique à court terme de l'activité cérébrale. Rappelons enfin que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) a classé les radiofréquences « peut-être cancérigènes » pour l'Homme.
Concernant les futures évaluations, le comité d'experts spécialisés réuni par l'ANSES attire l'attention sur l'importance d'un travail sur les modes d'exposition. « Les nouvelles antennes relais seront des panneaux carrés dotés de 64 antennes ou plus, explique Olivier Merckel. Elles seront capables de générer des flux d'ondes concentrées dans le temps et dans l'espace sur les utilisateurs de téléphonie mobile qui ont besoin d'un débit plus important à un instant donné. »
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie