L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), qui publie les résultats de son expertise relative à l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, conclut, en l’état actuel des connaissances, « à l’absence de preuve expérimentale solide permettant d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant électrohypersensibles (EHS) », mais souligne aussi que la souffrance et les douleurs exprimées par ces personnes « correspondent à une réalité vécue les conduisant à adapter leur quotidien pour y faire face ». L’Agence recommande donc une prise en charge adaptée des personnes concernées, et la poursuite des travaux de recherche.
Pas d'anomalies biologiques ou physiologiques spécifiques
L’expertise que publie l’ANSES est basée à la fois sur l’analyse de la littérature scientifique, un grand nombre d’auditions (médecins, chercheurs, associations, personnes concernées), et sur les données issues de la consultation publique qui s’est tenue entre juillet et octobre 2016. Le rapport s’attache à définir l’EHS.
Il note aussi « qu’aucune étude n’a mis en évidence une capacité des personnes se déclarant EHS à percevoir des champs électromagnétiques radiofréquences dans des conditions d’exposition environnementale » ; que les études analysées « n’ont pas permis de mettre en évidence, de manière fiable et reproductible, l’apparition de symptômes ou d’anomalies biologiques ou physiologiques spécifiques à l’EHS pendant ou après une exposition (aux basses fréquences ou aux radiofréquences) » ce qui peut s’expliquer par l’absence de relation causale, ou bien par des limites méthodologiques. Enfin, le rapport recense différentes hypothèses pouvant expliquer les symptômes (pistes génétique et immunitaire, activité du système nerveux autonome et central, existence d’un terrain migraineux…) mais sans parvenir à des résultats probants.
Appel à la HAS et formation des professionnels de santé
L’ANSES semble admettre une certaine perplexité sur le phénomène, puisqu’elle note qu’il « n’existe pas, à ce jour, de critères de diagnostic de l’EHS validés, et il résulte de l’expertise que la seule possibilité pour définir l’EHS repose sur l’auto-déclaration des personnes. » Elle ajoute que les 40 experts impliqués « ont investigué un grand nombre d’hypothèses pour comprendre ces symptômes » (maux de tête, troubles du sommeil, de l’attention et de la mémoire, isolement social, etc.). Et que, étant donné le retentissement de ces symptômes sur la qualité de vie des personnes EHS, « une prise en charge adaptée par les acteurs des domaines sanitaire et social » est justifiée.
L’ANSES recommande donc « de solliciter la Haute autorité de santé afin d’examiner la pertinence de formuler des recommandations destinées aux professionnels de santé pour une prise en charge adaptée des personnes se déclarant EHS », et de « développer la formation des professionnels de santé sur la problématique de l’électrohypersensibilité. »
Poursuivre les travaux de recherche
L’ANSES souhaite également que les travaux de recherche se poursuivent, avec des spécificités : renforcer les interactions entre scientifiques et associations de personnes se déclarant EHS, soutenir la mise en place d’infrastructures de recherche adaptées à l’EHS, pérenniser le financement de l’effort de recherche sur les effets sanitaires des radiofréquences.
Sujet ultra-polémique
L’ANSES a déjà publié plusieurs avis et rapports sur le sujet. La question de l’EHS est très polémique. Ainsi, en 2012, une étude de l’APHP avait été mise en doute par les associations de patients ; l’Académie de médecine avait dénoncé ces critiques comme s’inscrivant « dans une dénégation parfois violente de l’expertise scientifique », et les médecins de l’Association Santé environnement France (ASEF) avaient eux dénoncé le « déni » de l’Académie. Le feuilleton avait connu son épisode législatif avec l’adoption en 2015 d’une loi promouvant la sobriété en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques ; enfin, en 2016, un groupe de médecins avaient appelé à reconnaître l’EHS comme une pathologie.
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