Les instituts d'opinion se sont fourvoyés dans des enquêtes incapables de prévoir le résultat de l'élection ; les journalistes, dans leur très grande majorité, ont tenté d'induire leur lectorat en erreur ; la classe politique dans son ensemble et surtout celle qui est issue des grandes écoles (françaises ou américaines) n'a pas vu venir le coup qui lui est porté par l'avènement de Trump et se traduit par sa disqualification pure et simple. Aux yeux des citoyens qui surfent sur les réseaux sociaux, Mme Clinton n'est pas seule dans sa terrible défaite, elle est entourée par une foule de gens.
Les journalistes ne peuvent proposer une analyse qu'au vu des programmes et en tenant compte des sondages. Aux États-Unis des milliers de sondages pré-électoraux ont été réalisés par des moyens sophistiqués incluant des algorithmes. La moyenne de ces sondages a constamment donné gagnante la candidate démocrate, même lorsqu'elle perdait du terrain. Un sondeur français expliquait récemment que, en France, les instituts d'opinion ne peuvent pas se tromper parce qu'ils utilisent la méthode des quotas (prise en compte de l'âge, du niveau de revenus, du genre, du niveau d'études ou de formation des électeurs). Ils se sont pourtant déjà trompés, par exemple quand ils n'ont pas prévu en 2002 que Lionel Jospin serait éliminé au premier tour, de même que les sondeurs anglais se sont trompés quand ils prédisaient que la Grande-Bretagne resterait dans l'Union européenne. Néanmoins, l'attitude qui consisterait à faire des pronostics diamétralement opposés à celui des sondages conduirait à l'erreur huit fois sur dix.
Coupure entre deux mondes
Il est cependant incontestable qu'existe, surtout aux États-Unis, une coupure profonde entre les villes et la campagne, entre les intellectuels et les ouvriers, entre ceux qui tentent de porter un humanisme et ceux qui hurlent leur colère contre un système qu'ils jugent injuste. Faut-il pour autant éliminer de tous les champs de l'action politique les gens cultivés ? Faut-il s'en remettre à l'analyse des personnes favorables au port d'armes, hostiles à l'IVG, aux sexistes, aux racistes et à tous ceux qui, comme Donald Trump, croient à la simplicité des dossiers ? Un journaliste n'a-t-il pas le droit et même le devoir d'exposer ses convictions plutôt que de courir avec l'air du temps ? Ne doit-il pas s'interroger sur l'avenir de son pays quand un businessman de l'immobilier, qui a construit sa fortune personnelle sur l'évasion fiscale et sur des méthodes de gestion pour lesquelles il est poursuivi dans le cadre de 3 750 procès, déverse sur son adversaire des torrents de boue ?
S'il est vrai que les manifestations post-électorales (« not my president ! ») n'ont pas beaucoup de sens dans une démocratie où tout le monde peut voter, M. Trump fait peser, par ses idées bizarres et très souvent incohérentes, une menace sur les institutions qui font la force des États-Unis. Il a dressé de son pays un tableau sinistre, méthode traditionnelle de l'extrême droite pour instiller la peur. Il a annoncé des mesures inapplicables pour mieux séduire les électeurs, puis il a passé une semaine à mettre de l'eau dans son vin après son succès. Il a calomnié la candidate et le président Obama, puis s'est hâté, le 9 novembre, de dire du bien d'eux et de se rendre à la Maison Blanche. Mais, fondamentalement il reste ce que l'on a perçu de lui pendant toute la campagne. Il va nommer à la Cour suprême des juges qui renverseront les choix libéraux de l'institution. Il sera inévitablement associé à une réduction des libertés au pays de la liberté. Il bafouera l'humanisme comme il l'a déjà fait.
Alors ? C'est non. Non au trumpisme et à la régression qu'il charrie. Nous le jugerons aux actes, mais nous n'accepterons pas de l'approuver sous le seul prétexte qu'il a gagné. Pour tout extrémiste, une élection démocratique n'est qu'un tremplin vers l'autoritarisme.
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