En s’opposant à la circoncision rituelle, la justice allemande a provoqué hier un tollé dans la communauté juive. Mais ce rituel est également pratiqué dans le monde musulman et dans certaines églises orthodoxes orientales. Dans un jugement qui devrait faire jurisprudence, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que cette modification corporelle, « durable et irréparable » était « contraire à l’intérêt de l’enfant qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse », selon ce jugement qui n’interdit toutefois pas cet acte à des fins médicales.
« Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents », ont indiqué les juges. Les droits des parents en matière d’éducation et de liberté religieuse ne sont pas bafoués s’ils attendent que l’enfant soit en mesure de décider d’une circoncision comme « signe visible d’appartenance à l’islam », poursuit le tribunal.
661 millions d’hommes circoncis
Le Conseil central des juifs d’Allemagne a vivement réagi à cette décision judiciaire, estimant qu’il s’agissait d’« une intervention gravissime et sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses ».« La circoncision des nouveaux nés garçons est un élément essentiel de la religion juive et est pratiquée depuis des milliers d’années partout dans le monde », a insisté le président du Conseil, Dieter Graumann, dans un communiqué, en demandant aux députés allemands de légifèrer sur la question. Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2009, 661 millions d’hommes de plus de 15 ans seraient circoncis, soit environ 30 % de la population masculine mondiale.
Cette décision judiciaire est « extrêmement importante pour les médecins car ils ont pour la première fois une base légale sur laquelle s’appuyer », a assuré un expert en droit, Holm Putzke, dans le Financial Times Deutschland (FTD), lequel voit dans ce jugement une « césure ». La justice allemande avait été saisie du cas d’un médecin généraliste de Cologne qui avait circoncis un petit garçon de 4 ans à la demande de ses parents musulmans. Or quelques jours après l’intervention, l’enfant avait dû être admis aux urgences pour des saignements. Le parquet de la ville avait alors engagé des poursuites contre le médecin. Ce dernier avait été relaxé en première instance puis en appel, le tribunal estimant qu’à l’époque des faits il n’était pas en mesure de déterminer s’il agissait illégalement.
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