LA BRIGADE fluviale de Paris fonctionne toute l’année mais c’est aux beaux jours qu’elle est la plus sollicitée. Il faut croire que les festivités estivales rendent les berges glissantes. « Les personnes à l’eau sont beaucoup plus fréquentes en été », témoigne le lieutenant Olivier Dupas, adjoint au commandant Michel Constant, sous les ordres duquel travaillent 100 fonctionnaires rattachés à la préfecture de police. Ce n’est pas tant l’opération Paris Plage (jusqu’au 20 août sur la voie Georges Pompidou et le bassin de la Villette) qui est problématique que les réunions entre amis alcoolisées. La période des examens est également à risque pour les jeunes gens. La passerelle des Arts et le pont d’Austerlitz sont des endroits particulièrement surveillés.
Dès qu’une personne est signalée à l’eau (le signalement peut se faire par un bateau, par la police ou par le public*), les hommes de la « Fluv » interviennent. « Notre métier se décompose en trois temps : la récupération de la victime, son secours et le rapport de police », précise Olivier Dupas. L’année dernière, les « Saint-Bernard de la Seine », un surnom tiré de leur vocation de secouriste mais aussi du nom du quai où leur quartier général est amarré, ont secouru et repêché 149 personnes, dont 42 interpellations suite aux infractions à l’interdiction de la baignade. Cette bravade entraîne une amende de 38 euros et surtout un risque de noyade : aussi familière soit-elle, la Seine est soumise aux courants, comme le constatent, chaque matin, les policiers qui s’y entraînent, vaccinés (notamment contre la leptospirose) et revêtus de leur combinaison. En été, la température de l’eau varie autour de 20° mais en hiver, elle peut descendre à 3°, voire moins.
Intervention en 5 minutes.
« En moyenne, notre délai d’intervention tourne autour de 5 minutes avec un délai de départ inférieur à 1 minute 30 », indique Olivier Dupas. Un temps rallongé par le franchissement des écluses, en amont de Paris, celles de Saint-Maurice et de Pont à l’Anglais, à Alfortville (94), et en aval, celle de Suresnes (92). Le parc de la « sentinelle de la Seine » se compose notamment de quatre vedettes, de trois remorqueurs, de six canots pneumatiques mais aussi d’un car Police-secours et de deux véhicules tout terrain. C’est avec le canot pneumatique que les policiers interviennent, quitte à appeler un second bateau en renfort. Rapide, « le Cronos » permet d’allonger la personne repêchée sur un plan dur et de l’isoler pour pouvoir, si besoin, utiliser le défibrillateur. Tous les agents de la brigade ont reçu une formation de premiers secours en équipe (PSE1 et PSE2). Parmi eux, une dizaine ont passé leur diplôme de formateur : ainsi, « le recyclage est régulier et constant », se félicite le lieutenant Dupas.
Pour chaque intervention, de jour comme de nuit, on compte au minimum trois hommes : un pilote, un plongeur (qui s’équipe pendant le trajet) et un secouriste. Au XVIIIe siècle, il n’existait pas à Paris de service public de secours aux victimes. C’est l’échevin Philippe-Nicolas Pia, chirurgien et pharmacien, qui est le premier à se pencher sur ce problème en 1772. S’inspirant du modèle des sociétés de secours hollandaise et britannique, il préconise l’enregistrement précis des sauvetages, accompagné d’un compte-rendu des soins et des médicaments administrés ainsi que des résultats sur la personne, et conçoit des boîtes de secours transportables, distribuées dans les postes de garde.
Les méthodes de réanimation des noyés n’ont pas cessé d’évoluer. Aujourd’hui, en cas de grande hypothermie, les sauveteurs, sous l’autorité d’un médecin régulateur, ne cherchent plus à réchauffer la victime, comme le prévoit le protocole réalisé par le Pr Denis Safran, chef de l’anesthésie-réanimation à l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP). « Le but est de conserver les fonctions vitales avec des massages cardiaques et l’utilisation du défibrillateur », explique le lieutenant Dupas. Depuis 2006, l’acheminement des noyés se fait également au centre de réanimation des victimes au centre de réanimation des victimes de submersion de l’HEGP.
Secondée par l’unité d’intervention subaquatique des sapeurs-pompiers de Paris, la brigade fluviale est ainsi devenue le fer de lance du secours sur la Seine et ses berges. En août, un nouveau poste sera inauguré à Joinville, au-delà de l’écluse de Saint-Maurice.
* Tél de la brigade fluviale : 01.47.07.17.17.
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