En perte de vitesse, le système de santé français ?
De l'aveu de l'ancien député PS Olivier Véran, neurologue au CHU de Grenoble, « l'organisation des soins en France peut être améliorée ». « Notre système de santé est performant mais des points de blocage persistent, par exemple entre la ville et l'hôpital », a lancé l'ancien parlementaire à l'occasion d'une récente conférence organisée à Paris par le journal « L'Opinion ».
« Les défis sont à peu près les mêmes dans les pays développés, c'est-à-dire que les systèmes de santé ont du mal à devenir plus flexibles », analyse Francesca Colombo, responsable de la division santé au sein de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui regroupe 34 pays.
La présence de l'hôpital y est souvent très forte et les trois quarts des dépenses de ces pays sont prises en charge par le public. « De gros efforts peuvent encore être accomplis sur l'efficience, explique Francesca Colombo. Aux Pays-Bas, par exemple, 30 % des dépenses de santé sont gaspillées. »
Les consultations à l'hôpital limitées au Portugal
Certains pays ont choisi de revoir complètement leur façon de penser la santé. Obligé de se réformer suite à la crise économique qui l'a fortement touché, le Portugal a coupé dans ses dépenses publiques dès 2011, notamment dans le secteur de la santé. Le pays a restructuré l'hôpital public et y limite les consultations. La voie électronique est privilégiée pour les prescriptions médicales. « Aujourd'hui les ordonnances sont quasiment à 100 % électroniques », précise Francesca Colombo.
Des efforts importants ont été demandés aux médecins portugais sur la prescription de génériques, très basse, voire inexistante jusqu'en 2000. En 2013, le taux de génériques remboursés a grimpé à 39 % en volume, et 23 % en valeur. Ces taux sont toujours inférieurs à ceux observés en Allemagne ou au Royaume-Uni (d'environ 80 % en volume et plus de 30 % en valeur), mais ils ont permis d'importantes économies.
Le Japon est également cité en exemple. La prévention et la prise en charge de la dépendance des personnes âgées sont prises très au sérieux au pays du soleil levant où 6 à 7 % de la population a plus de 80 ans (ce chiffre devrait doubler d'ici à 2 050). « Les personnes âgées sont transportées par des bus scolaires pour aller dans des centres de jour, où on leur fait travailler leur mémoire, et où l'on prévient le diabète ainsi que le surpoids », explique la responsable santé de l'OCDE.
Le modèle scandinave ?
La Norvège, la Suède et le Danemark, comme la Corée ou le Royaume-Uni s'appuient fortement sur l’expérience des patients pour améliorer la qualité de leurs soins. Les patients sont invités à noter les soins qu'ils ont reçus. Le Danemark a réformé son système hospitalier il y a quelques années. Le nombre de lits d’hôpitaux y a été réduit, pour que davantage de patients soient pris en charge par des praticiens libéraux.
Depuis plusieurs années, l'OCDE plaide pour une meilleure organisation des soins primaires afin de réduire le taux élevé d’hospitalisation pour des infections telles qu’un diabète mal stabilisé, par exemple.
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