« Le développement est décisif, mais il ne détermine pas l'état de santé », souligne le Dr Christopher Murray, qui coordonne à l'université de Washington la collaboration internationale autour de l'étude sur la charge de la morbidité mondiale, la Global Burden Disease (GBD), avec le soutien de la fondation Bill et Melinda Gates et de la Banque Mondiale.
La GBD 2015, qui vient d'être publiée dans « The Lancet », sous la forme d'une série de six études et d'éditoriaux, donne la photographie la plus complète et la plus à jour sur l'état de santé du monde. Autant dire que la GBD donne des indications inestimables pour définir la feuille de route des futures politiques de santé, que ce soit par régions du monde et au niveau national.
Revenu, éducation, natalité
Cette année, pour la première fois, le GBD 2015 prend en compte une mesure du niveau de développement socio-économique. L'outil utilisé est l'index Socio-démographique (SDI) qui est calculé sur les revenus, l'éducation et la natalité.
L'analyse met à jour un rôle limité du développement socio-économique. Comme l'explique Christopher Murray : « Nous observons des pays qui ont progressé bien plus vite (pour la santé) que ne peuvent l'expliquer le revenu, l'éducation ou la natalité. Et nous continuons aussi à voir des pays - dont les États-Unis - qui sont bien moins en forme qu'ils ne devraient l'être compte tenu de leurs ressources ».
Le sérieux de l'analyse n'est plus à prouver. L'analyse GBD 2015 a porté sur 249 causes de décès, 315 maladies, 79 facteurs de risque dans 195 pays et territoires. Cet énorme travail est assuré par 1 870 experts indépendants dans 127 pays. Ce gros travail donne une analyse poussée des causes de décès, de mortalité maternelle, des décès des enfants de moins de 5 ans, des maladies et de l'espérance de vie, des années vécues avec un handicap et des facteurs de risque.
Sept décès sur 10 dus à des causes non transmissibles
Au cours des 25 dernières années, l'espérance de vie a augmenté et depuis 1980 plus d'une décennie supplémentaire a été gagnée, la faisant passer à 69 ans chez les hommes et à presque 75 ans chez les femmes en 2015. En cause la diminution des maladies transmissibles au cours de la décennie passée, en particulier l'infection VIH/SIDA (1,2 million de décès en 2015, soit une baisse de 33 % en 10 ans) le paludisme (730 500 décès soit une baisse de 37 %) et les diarrhées.
Le nombre total de décès annuels est en augmentation, de 48 millions en 1990 à 56 millions en 2015. Plus de 70 % des décès sont dus en 2015 à des maladies non transmissibles (cardiopathies ischémiques, AVC, diabète, insuffisance rénale chronique, maladie d'Alzheimer, toxicomanie).
La France bonne élève pour les AVC
La cardiopathie ischémique était la principale cause de décès dans tous les pays d'Europe de l'Ouest en 2015, avec plus de 84 200 décès en France. Les autres causes de décès en Europe de l'Ouest étaient la maladie d'Alzheimer, le cancer du poumon, l'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). En France, loin devant, arrivent les maladies cardio-vasculaires, les cancers. La France, comme le Royaume-Uni et l'Espagne, a réussi mieux que les autres à faire baisser la mortalité par AVC, notamment grâce à la création d'unités neurovasculaires.
Les maladies qui tuent ne sont pas forcément celles qui pèsent dans la vie de tous les jours. En 2015, huit causes de maladies chroniques touchent plus de 10 % de la population : caries, céphalées de tension, anémie ferriprive, surdité, migraine, herpès génital, troubles de la vue et l'ascaridiose (parasite intestinal). En France, les problèmes les plus fréquents étaient en 2015 l'anxiété, les chutes, les maux de dos et cervicalgies.
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