L’agence des Nations unies de lutte contre le sida (ONUSIDA) se félicite de l’approbation par les États-Unis du 1er traitement préventif anti-VIH, l’antirétroviral Truvada. Dans un communiqué, l’ONUSIDA indique qu’il s’agit d’un « traitement visant à prévenir la transmission sexuelle du VIH pour des personnes qui n’ont pas le VIH mais qui sont considérées comme des personnes à risques ».
Pris quotidiennement, le Truvada est destiné « à être utilisé à titre prophylactique avant un contact avec le VIH. Il devra être combiné avec des pratiques sexuelles sûres comme l’usage de préservatifs et d’autres mesures de prévention – dépistage régulier et traitement d’autres maladies vénériennes – pour empêcher la transmission du virus chez des adultes à haut risque », a souligné l’agence.
Réduire les nouvelles infections
Ce feu vert intervient juste avant la Conférence internationale sur le sida qui se tiendra à Washington du 22 au 27 juillet et dont le thème est : « Renverser la tendance de la pandémie » pour y mettre fin. « L’approbation du Truvada marque une étape importante dans notre lutte contre le VIH », a déclaré Margaret Hamburg, directrice de la FDA. « Chaque année, environ 50 000 adultes et adolescents américains sont diagnostiqués d’une infection par le VIH malgré la disponibilité de méthodes de prévention, de stratégies d’éducation, de tests de dépistage et de soins pour les personnes vivant avec le virus », précise-t-elle. L’objectif aux États-Unis est « de réduire le nombre des nouvelles infections de 25 % d’ici à 2015 », a ajouté le Dr Debra Birnkrant, directrice de la division des produits antiviraux à la FDA.
L’efficacité préventive du Truvada a été mise en évidence par les résultats d’un essai clinique mené avec 2 499 hommes homosexuels séronégatifs de 2007 à 2009 dans six pays, dont le Brésil, l’Afrique du Sud et les États-Unis, et financé en grande partie par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH). Il avait réduit de 44 % le risque d’infection chez les participants qui utilisaient aussi un préservatif comparativement à ceux soumis à un placebo. Une autre étude clinique avec 4 875 couples hétérosexuels sérodiscordants a montré une baisse du risque d’infection jusqu’à 75 % chez les partenaires séronégatifs qui ont pris du Truvada comparativement au groupe témoin.
La colère d’Act Up Paris
Le responsable de l’ONG, AIDS Healthcare Foundation, Michael Weinstein, a jugé « irresponsable » la décision de la FDA, d’autoriser le Truvada sans « obligation de test de dépistage » du VIH. Selon lui, cela « finira par faire régresser les efforts de prévention menés depuis plusieurs années ». De son côté, Act Up Paris a jugé cette décision « précipitée ». Pour l’association, « la FDA montre son mépris de la recherche, qui n’a jamais donné de preuves suffisantes d’une efficacité du Truvada en prévention ». Act Up Paris se dit « en colère contre cette décision, car la précipitation mal informée, en matière de prévention, se compte en contaminations ». En France, la prévention pré-exposition (Prep) du VIH a notamment fait l’objet d’un rapport d’experts dirigé par le Pr Patrick Yéni, le nouveau président du Conseil national du sida. Selon ces spécialistes, si la Prep ne peut pas être considérée dans un objectif de santé publique, elle doit pouvoir s’adresser principalement aux homosexuels qui le souhaitent en raison de conduites à risques.
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