Les mutilations génitales féminines (MGF), reconnues par la communauté internationale comme une violation des droits humains et une atteinte grave à la santé des femmes, « ont commencé à reculer, mais lentement et de façon variable selon les pays », écrivent Armelle Andro et Marie Lesclingand dans le bulletin d'avril de l'Institution national d'études démographiques (Ined).
Selon l'Unicef, au moins 200 millions de filles et de femmes ont été mutilées en 2016, dans 30 pays, dont 27 en Afrique, plus le Yémen, l'Irak et l'Indonésie – sans compter les cas existants mais non renseignés statistiquement dans plusieurs pays d'Amérique Latine (Pérou, Colombie), en Asie (Inde, Thaïlande) ou encore au Proche- et Moyen-Orient (Iran, Arabie Saoudite, Jordanie, Syrie, Oman). Sans compter non plus les femmes issues de ces pays à risque et vivant dans des pays d'immigration (près de 500 000 aux États-Unis, plus de 500 000 en Europe).
La moitié des femmes excisées résident dans trois pays : l'Indonésie, l'Éthiopie et l'Égypte, où les taux de prévalence de l'excision sont respectivement de 51 %, 74 % et 92 %. Les principaux facteurs de risque sont le groupe ethnique d'origine, ainsi que le niveau d'instruction (les filles scolarisées sont moins souvent excisées), le niveau de vie ou le lieu de résidence (la ville et sa mixité sociale protègent). Pas la religion.
Inertie des mentalités, des excisions toujours plus tôt
Parmi les 30 pays les plus concernés par les MGF, 25 ont adopté des lois interdisant l'excision (les cinq se distinguant sont le Cameroun, la Gambie, l'Indonésie, le Liberia et le Mali). La pratique baisse dans les pays où la prévalence était déjà faible (Côte d'Ivoire, Nigeria, Tchad, Kenya, RCA), mais pas dans ceux à forte prévalence même si les jeunes générations sont moins nombreuses à se dire favorables à cette pratique.
Par ailleurs, l'excision tend à être pratiquée de plus en plus tôt, note l'Ined : avant 10 ans, dans la plupart des pays, et chez les nouvelles générations, avant l'âge de 5 ans.
En outre, la médicalisation croissante des pratiques de MGF (les exciseuses traditionnelles persistent en Égypte, Guinée, Indonésie, Kenya, Nigeria, Soudan, Yémen) représente « un dévoiement des premières campagnes de sensibilisation qui compromet l'éradication de l'excision », dénonce l'Ined, citant le Fonds des Nations unies pour les activités en matière de population (FNUAP).
Pour rappel, les conséquences sanitaires des mutilations (qu'elles consistent en l'ablation partielle ou totale du clitoris, et/ou des petites lèvres, avec ou sans les grandes, jusqu'à l'infibulation), sont, dans l'immédiat, douleur, hémorragies, risque de rétention urinaire, infections, et état de choc, et à long terme, perte du plaisir, infections pelviennes, stérilité, difficultés menstruelles et, pendant la grossesse, fistules vésico ou recto vaginales, angoisses et troubles psychologiques...
En France, où vivraient 53 000 femmes excisées, le réseau associatif Excision, parlons-en ! a lancé début mars la première campagne de prévention destinée aux adolescentes de 12 à 18 ans, qui court jusqu'à la fin de cette année scolaire.
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