Alors que peu de données sont disponibles en France sur l’exposition réelle des populations résidant à proximité des cultures, Santé publique France (SPF) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) lancent ce 19 octobre l’étude « PestiRiv » auprès de riverains des cultures viticoles, qui se caractérisent notamment par une « forte imbrication entre l’habitat et les vignes », souligne Jean-Luc Volatier, de la direction de l'évaluation des risques de l'Anses.
À partir du 25 octobre, 3 350 volontaires, âgés de 3 à 79 ans, seront ainsi tirés au sort à partir de bases de données de l'Insee dans six régions viticoles : Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur. Répartis dans 250 zones d'étude, les participants seront des résidents de zones viticoles (à moins de 500 mètres de vignes et plus de 1 000 mètres d’autres cultures) ou de zones à plus de 1 000 mètres de toute culture, afin de faciliter les comparaisons.
Un suivi biologique et environnemental pour 3 500 participants
Jusqu’en août 2022, un suivi biologique (prélèvements d'urine, de cheveux…) et un suivi environnemental (capteurs d'air ambiant, échantillons d'eau ou de légumes du potager…) seront mis en place sur deux périodes de l’année : d’octobre 2021 à février 2022, « lorsque les traitements des vignes avec des produits phytopharmaceutiques sont les moins fréquents », et de mars à août 2022, « lorsque les traitements sont les plus fréquents », explique l’Anses. L’exposition professionnelle, les habitudes alimentaires ou encore les usages domestiques seront également analysés.
Le principal objectif sera de « savoir s’il existe une différence entre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes et de celles vivant loin de toute culture », indique l’Anses, qui souhaite également préciser les « sources qui contribuent le plus à l’exposition aux pesticides » et « l’influence que peuvent avoir la distance aux vignes, la saison ou encore les habitudes et les comportements des individus sur cette exposition ».
Forte mobilisation attendue
Une première phase de l’étude, menée auprès de 72 foyers dans le Grand Est et en Nouvelle-Aquitaine du 28 octobre au 21 décembre 2019, a permis d’élaborer le protocole de recherche, validé ensuite par un conseil scientifique. Cette expérimentation a « fortement » mobilisé les participants, relève l’Anses, soulignant le « suivi consciencieux du protocole par les participants, y compris les enfants ».
L’étude s’inscrit dans le dispositif de phytopharmacovigilance de l’Anses, dont l’objectif est « d’assurer une vigilance tous azimuts des effets » liés à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, précise Ohri Yamada, chef de l’unité phytopharmacovigilance à l’Anses. Les premiers résultats sont attendus en 2024.
L’ONG Générations futures salue le lancement de cette recherche mais déplore, dans un communiqué, le « temps perdu », alors des « études et rapports, comme l’expertise de l’Inserm de 2013 mise à jour en 2021, montrent de plus en plus clairement des liens entre divers troubles et l’exposition aux pesticides des riverains ».
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