Les organismes sociaux ne cessent pas de nous contrôler, et nous font également la morale en ce qui concerne les génériques.
Malgré la prime accordée (via le ROSP) aux praticiens vertueux en ce qui concerne cette pratique, la Sécurité sociale n’arrive pas à atteindre l’objectif fixé. De ce fait, ses responsables ont diffusé de nombreux spots télévisés, inséré des publicités avec des professionnels de santé vantant les mérites de ces traitements moins coûteux pour l’assurance-maladie.
Cependant, ils oublient que d’autres économies substantielles, et simples pourraient être effectuées. En effet, depuis quelques années, nos têtes pensantes en charge de la santé ont voulu « décharger » les praticiens de certaines pratiques jugées moins valorisantes, et faciles à prendre en charge au domicile des patients : les aides techniques comme les perfusions, la nutrition parentérale, la gestion de l’oxygène à domicile.
Fréquemment, des sociétés interviennent grâce au concours de collègues hospitaliers (ils ont dû être démarchés mais nous les libéraux ne connaissons la manière avec laquelle ils ont été « accrochés ») qui ont dans l’idée que le praticien ne peut gérer cette problématique, et elles agissent sans avoir le consentement des principaux intéressés : les praticiens de terrain.
Ainsi, de nombreuses sociétés dites prestataires ont vu le jour (elles se développent comme des champignons). Le fait que leur nombre augmente de manière exponentielle nous démontre l’intérêt lucratif de cette pratique ; les prestataires sont le plus souvent des firmes commerciales. Elles permettent à certains confrères de se décharger dans cette prise en charge, mais le plus souvent elles brouillent quelque peu les cartes dans la pratique du professionnel de santé.
En effet, ces sociétés prennent le contrôle de la prise en charge des patients à domicile à la place des médecins. Ainsi, elles fournissent très facilement le matériel au chevet du patient en quantité qui dépasse parfois l’entendement. Combien de fois n’avons-nous pas retrouvé des boîtes de pansements pour une durée de 3 mois au chevet des patients, 3 bombonnes d’O2 qu’il est difficile de caser dans les appartements de patients ? De toute manière, la Sécu paie, alors pourquoi se priver…
Les patients ou la famille restent souvent interloqués par ce matériel qui prend une place conséquente dans la maison, mais compte tenu du handicap du patient personne n’ose broncher. D’ailleurs certaines sociétés sont tellement bien dans leurs baskets qu’elles donnent des ordres, ou imposent à tous les professionnels de santé autour du patient une ligne de conduite. De telles pratiques sont condamnables, très coûteuses, et en plus elles restent souvent délétères pour le patient. Travailler avec plusieurs acteurs qui ont leur propre façon de travailler risque d’être préjudiciable pour le malade.
Il y a seulement 10 ans de cela, ce type de prestations était géré par les professionnels de santé (médecins, infirmiers, et pharmaciens). Ces personnes constituaient une équipe de terrain pouvant être disponible facilement, et connaissant parfaitement la problématique des patients. De plus, cette pratique permettait de renforcer les liens déjà existants entre famille et professionnels ; une pratique très humaniste, et un échange incomparable.
Nombreux sont les praticiens qui ne comprennent pas comment à une époque où les organismes sociaux doivent faire des économies, on puisse accepter une telle gabegie financière. Il est vrai que cette pratique est très chronophage, mais en rémunérant mieux les praticiens (une ROPS coordination, ou une clé supplémentaire ce qui est mieux), il sera possible de faire d’importantes économies (plus importantes je le pense que celles générées par les génériques), et cela en réduisant le déficit de la Sécurité sociale.
Aussi, notre futur président devra se pencher sur ce chantier qui est devenu un véritable fléau économiquement très dispendieux, et en plus très difficile à gérer pour les professionnels de santé. Un de nos ministres de tutelle n’avait-il pas dit que le médecin traitant était le pivot du système de soins ? Alors, pourquoi ne pas lui demander de signer ou non pour accepter ce type de pratique qu’il ne gère plus ?
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