NON SEULEMENT cette vaste consultation nationale a largement fait la preuve de son inutilité mais elle était et reste dangereuse. Dix pour cent des avis exprimés sur Internet sur le sujet sont strictement racistes, l’identité nationale étant, qu’on le veuille ou non, observée à travers le prisme de l’immigration. Laquelle n’est en réalité qu’une composante du débat, non son entièreté. Pour en faire une description positive plutôt qu’en dresser un tableau par réaction à l’immigration, il fallait, bien sûr, que le pouvoir n’eût pas d’arrière-pensées électorales. Il se défend si mal d’avoir de telles intentions que l’opposition a eu le champ libre pour claironner qu’il s’agissait, pour la droite, de gagner des voix aux élections régionales. S’il ce n’est qu’une de ces manœuvres dont M. Sarkozy a le secret, on aurait mieux fait de se dispenser d’un vacarme perçu par les minorités comme un danger pour leur statut.
Sarkozy nous dit ce qu’il faut penser.
L’intervention personnelle du président de la République n’est d’ailleurs pas acceptable. Comme pour tous les autres dossiers, il a une feuille de route et il tente de nous l’imposer. Il accepte une France métissée, mais pas communautariste. Qu’est-ce que cela signifie ? Que si l’on a un avis différent, on n’a qu’à se taire ? Dans ce cas, pourquoi en parler ? Le chef de l’État se comporte comme s’il nous disait pour qui il faut voter. Sans d’ailleurs savoir lui-même comment le métissage, une réalité, doit être favorisé ou comment, le communautarisme, danger qui menace la laïcité, peut être combattu. Il aurait été infiniment préférable de constater l’état de la société française d’aujourd’hui qui résulte de diverses libertés gagnées l’une après l’autre depuis 1789. Celui qui s’élève contre le communautarisme est le même qui semblait, naguère, préférer le prêtre à l’instituteur. Il eût mieux fait de consacrer la laïcité, seule capable de réconcilier l’ensemble de nos communautés, seul terrain de la fraternité, seul moyen de nous retrouver tous sur le même lieu géométrique, seule façon de reléguer la religion dans la sphère privée et de vivre tous ensemble au sein du réseau social. On n’est pas français parce qu’on est contre quelque chose ou quelqu’un mais parce qu’on est heureux de disposer de lieux, la mairie, l’école, la Sécurité sociale, d’où la discrimination est bannie et où l’on ne connaît de chacun d’entre nous que son appartenance à l’espace français.
ON DÉBAT DES MINARETS MAIS ON NE VEUT PAS DE LOI SUR LA BURKA
Et puis il faut en finir avec une certain arrogance qui nous conduit à croire que notre histoire, nos valeurs, nos vertus sont supérieures aux autres. Il ne manque rien à un Britannique ou même à un Allemand de ce que nous avons. Dans ce vaste monde en récession, en pollution, en régression, beaucoup de peuples ont choisi la démocratie et un système égal au nôtre. Nous ne devons que nous en féliciter au lieu de croire que si les autres font comme nous nous risquons de tomber dans une médiocre moyenne. Non, nous n’avions pas besoin de ce débat. Il inquiète ceux qui ont du mal à s’intégrer, il radicalise ceux qui ne veulent pas s’intégrer, il favorise l’expression des sentiments les plus répugnants. Jusqu’à ce député UMP ravi de dire qu’« ils sont dix millions et ils vont nous bouffer ». Bien qu’il s’agisse d’un élu, il s’exprime comme quelqu’un qui éprouve assez de haine pour justifier son intolérance par un nombre mensonger. C’est consternant.
L’affaire des minarets.
Parallèlement, les Suisses votent contre les minarets et cela devient un débat français. Libérés par la polémique, des voix françaises se multiplient pour demander qu’on arrête en France de construire des minarets, et même des mosquées ; pourtant, si les musulmans de France peuvent vivre leur foi sans contrainte, ils s’intègreront plus facilement. On s’occupe des minarets qui ne sont nullement un problème (même pas architectural), mais on ne croit pas possible de faire une loi contre la burka, une provocation à laquelle se livrent des femmes ou des familles pour tester le fondement laïc de la société. À notre modèle « métissé », elles opposent celui de l’obscurantisme. Beaucoup de musulmans de bonne foi rejettent l’idée d’une loi contre la burka parce qu’ils y voient une « stigmatisation » de l’islam, alors qu’il ne s’agit que de lutter contre l’intégrisme : le recteur de la mosqué de Paris, Dalil Boubakeur, affirme lui-même qu’il n’y a rien dans le Coran qui justifie la burka. Mais qui l’écoute ? On préfère s’intéresser à ce que dit Tariq Ramadan, celui qui, il n’y a pas longtemps trouvait une justification à la lapidation des femmes dans certains pays. Et puis, on a compté les burkas et on n’en a trouvé que 367. Force inépuisable de la statistique. Mais une burka est une burka de trop.
Le plus remarquable, c’est que, en dépit de toutes les difficultés qu’ils rencontrent, de très nombreux musulmans de France sont des citoyens modèles, entrepreneurs, professionnels de haut niveau, artistes, comédiens. Un nombre insuffisant des réussites ? Peut-être. Mais des exemples très réconfortants. Au lieu d’encourager tous les jeunes issus de l’immigration à les imiter, on organise un débat où la parole des racistes est libérée. Après ça, comment les dissuader de céder à la tentation communautaire ?
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