Il aura fallu attendre plus de trois heures pour voir les questions de santé et de protection sociale émerger dans le débat politique mardi soir, diffusé sur CNews et BFMTV. À moins de trois semaines du premier tour, les cinq candidats principaux – Benoît Hamon (PS), François Fillon (LR), Marine Le Pen (FN), Emmanuel Macron (En Marche !) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) – se sont confrontés à Nathalie Arthaud (LO), François Asselineau (UPR), Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Jean Lassalle et Philippe Poutou (NPA) sur les thèmes de l'emploi, de la sécurité et du social notamment.
Peu avant minuit, c'est un échange vigoureux entre François Fillon et Benoît Hamon sur la place de la fonction publique qui aura réveillé les téléspectateurs. Le socialiste a ainsi dénoncé « l'arrogance suprême » du candidat de la droite qui, en réclamant la suppression d'un demi-million de postes, « demande des sacrifices supplémentaires à ceux qui ont tenu le pays pendant la crise ». « Moi, j'aime la fonction publique », a lancé Benoît Hamon. Lui élu, il lancera en particulier « un plan de recrutement financé par l'assurance-maladie » dans la fonction publique hospitalière, aujourd'hui en souffrance. Le Breton reconnaîtra le burn-out, « le fléau de ce siècle », comme maladie professionnelle.
La privatisation de la Sécu resurgit
François Fillon avait choisi avec soin ses éléments de langage sur la réforme du modèle social. Le candidat LR a rappelé le poids des 2 200 milliards d'euros de dette, commandant selon lui une politique de réduction de la dépense publique. « Je ne propose pas des mesures exceptionnelles mais une diminution des emplois publics de 8 %», a-t-il relativisé. Attaqué par François Asselineau sur le remboursement du panier de soins, François Fillon a réaffirmé n'avoir « jamais imaginé privatiser la Sécurité sociale ». Il a épinglé à son tour Marine Le Pen au sujet du traitement « injuste » qu'elle réserve aux complémentaires santé. Lui propose plutôt la création d'un organisme de contrôle des complémentaires sous la responsabilité de l'État et des professionnels de santé.
La patronne du FN s'est présentée en garante de l'égal accès aux services publics. Favorable à leur « maintien » en milieu rural, Marine Le Pen a souligné « le désir des Français d'être soigné de la même manière, d'avoir les mêmes transports […] et une école de qualité où qu'on habite ». Estimant que « taper » sur les services publics est monnaie courante chez les partisans de la rigueur, la candidate frontiste a rejeté l'idée de diminuer le rôle de la Sécu. « Réduire sa place, c'est permettre aux mutuelles et aux assurances privées de faire des profits maximum ! » a-t-elle jugé.
Sur la même ligne, Jacques Cheminade réclame « l'uniformisation » du système d'assurance-maladie pour éviter que les complémentaires « ne s'en mettent plein les poches ».
Le platane, l'infarctus ou le cancer
Sur la question des services publics en général et de la santé en particulier, Emmanuel Macron s'est employé à tracer une voie médiane. Défenseur des services publics « là où on en a besoin », l'ancien ministre de l'Économie veut embaucher « en priorité » à l'école, dans les forces de l'ordre et dans la santé. Il doublera le nombre de maisons de santé pluridisciplinaires mais ne renouvellera pas 120 000 postes publics – notamment dans les collectivités locales et les services de l'État.
Réduits à une prise de parole de moins de deux minutes, les onze candidats n'ont jamais pu détailler leur programme santé, ni en débattre. Il s'agissait davantage de mettre en avant une mesure clé et un propos accrocheur. Expert en la matière, Jean-Luc Mélenchon veut « curer à fond la maladie avec la création de centres de santé et le recrutement de médecins fonctionnaires ». « Nous devons embaucher 60 000 personnes dans la santé si nous ne voulons pas que le système s'effondre ! »
Les deux candidats trotskistes et l'inclassable Jean Lassalle ont mis en avant la défense de l'humain. Nathalie Arthaud s'est agacée des contrôles maladie récurrents de travailleurs « qui doivent toujours rendre des comptes ». Militant de la « reconnaissance d'un état d'urgence sociale », Philippe Poutou a mis l'accent sur les difficultés financières des Français à se soigner et leur « terrible » souffrance au travail. Quant au candidat pyrénéen, il a rappelé la nécessité de maintenir des services de santé « à taille humaine » et des soignants dans chaque territoire. « Car si vous évitez le platane, l'infarctus ou le cancer, vous finirez à 93 ans dans une maison de retraite », a-t-il observé.
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