Il faut « s’attendre à une augmentation des décès dans les prochaines semaines », a averti la Dr Christine Campèse, épidémiologiste à Santé publique France (SPF), lors d’un point presse, ce 30 octobre, présentant le dernier point hebdomadaire de l'agence.
L’ensemble des indicateurs de suivi de l’épidémie de SARS-CoV-2 en France métropolitaine sont en « forte augmentation » en semaine 43 (du 19 au 25 octobre), et surtout, des hausses « inquiétantes » sont constatées chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
« L’incidence a fortement augmenté chez les personnes âgées de plus de 65 ans (65-74 ans : +68 % ; 75 ans et plus : +89 %), est-il précisé. Depuis début septembre (S36), le nombre de cas chez les personnes âgées de 65 à 74 ans a été multiplié par sept et le nombre de cas chez les personnes âgées de 75 ans et plus par huit. »
L'incidence explose à Saint-Étienne
Si le virus circule sur tout le territoire, certaines régions sont plus touchées, et notamment les régions Auvergne-Rhône-Alpes (ARA), Hauts-de-France et Île-de-France. En ARA, trois métropoles affichent des incidences inquiétantes : Saint-Étienne avec 1 145 cas pour 100 000 (incidence la plus élevée du territoire), Lyon (837) et Grenoble (756).
« Le point commun à ces villes est une forte densité, avec beaucoup d’étudiants », observe Patrick Rolland, épidémiologiste à SPF. Si la population de Saint-Étienne est plus âgée, « à Grenoble, 10 % de la population est étudiante. Il y a donc conjugaison d’une forte densité et d’un grand brassage », poursuit-il, rappelant que moins de 10 % des cas étaient reliés à un cluster, ne permettant plus d’assurer le traçage des contacts dans les chaînes de contamination.
À propos des plateaux de contaminations observés dans certaines métropoles en septembre, avant de nouvelles flambées de cas, comme à Marseille, Lyon ou Saint-Étienne, ils sont « en cours d’investigation », indique Patrick Rolland.
Attente de réglementation pour la prise en compte des tests antigéniques
En parallèle, la prise en compte des données du dépistage par les tests antigéniques n’est pas encore effective. « Les autorisations réglementaires permettant les remontées de données dans le fichier SI-DEP sont attendues en novembre, détaille Julien Durand, chargé d'étude à SPF. Le volume de tests envisagé serait assez élevé ».
Par ailleurs, l’effet du couvre-feu n’est pas encore mesurable. La courte durée de cette mesure, rapidement renforcée par le confinement, ne permettra peut-être pas « de voir l’effet, pris isolément, du couvre-feu », explique le Dr Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l’unité des infections respiratoires de SPF.
À propos des parallèles parfois établis entre le Covid et la grippe, l’épidémiologiste recadre : « la comparaison n’a pas de sens. En dehors de la vaccination qui offre une protection, on laisse circuler librement le virus de la grippe. Si on faisait la même chose avec le Covid, on aurait beaucoup plus de morts ».
En amélioration cet été, la santé mentale se dégrade à nouveau
De nouvelles données sur la santé mentale des Français pendant cette crise sanitaire ont également été diffusées. L’étude CoviPrev, lancée lors de la première vague, avait montré une dégradation en début de confinement, avant une amélioration pour tous les indicateurs (états anxieux, dépressifs et satisfaction de vie), « à l’exception des problèmes de sommeil qui se maintenaient à des niveaux élevés », est-il souligné.
Les nouveaux résultats (vague 16 de CoviPrev pour la période du 19 au 21 octobre) montrent une augmentation significative des troubles dépressifs en comparaison à l’enquête de fin septembre (+5 points). Les 25-49 ans, les femmes, mais aussi les personnes les plus précaires apparaissent plus touchés.
« Le confinement est bien un facteur de risque pour la santé mentale, insiste Enguerrand du Roscoät, responsable de l’unité Santé mentale au sein de la Direction de la prévention et de la promotion de la santé de SPF. Il impacte aussi la qualité de vie, et les personnes avec des difficultés économiques pâtissent davantage des mesures. »
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