Une maladie ubiquitaire

Gale à l’Élysée

Publié le 15/10/2009
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« DES SARCOPTES chez Sarko » ou « prurit à l’Élysée », le jeu de mots eut été facile. Reste que des cas de gale ont été diagnostiqués chez des sous-officiers de la Garde républicaine et qu’ils sont à l’origine d’un début de polémique.

À la suite de 3 cas diagnostiqués « durant la période estivale par le médecin de la Garde républicaine », selon un communiqué de la gendarmerie, des mesures sanitaires ont « immédiatement été prises » et « des travaux de réfections des chambres des gardes programmées de longue date sont en cours » afin de « limiter la promiscuité qui est le principal facteur de risque de cette maladie », précise-t-il.

Dans une lettre envoyée à l’association de défense des droits des militaires et non signée, les Gardes républicains, un corps dépendant de la gendarmerie et chargé de la protection de la présidence de la République, font, eux, état de 4 cas de gale en un mois et demi chez des collègues en poste au palais de l’Élysée, dénonçant « des conditions de travail déplorables » et « la vétusté des locaux » dans lesquels ils sont logés pendant leur service.

Des allégations que réfute l’Élysée, qui assure que les postes où sont logés ces gardes « présentent des conditions d’hébergement satisfaisantes », concédant toutefois que l’un d’entre eux « qui n’a plus été restauré depuis l’année 1998, nécessitait une réfection ». Celle-ci programmée en 2009 « a été engagée à la fin du mois de septembre », avant l’apparition des cas de gale.

Des épisodes épidémiques.

L’incidence de la maladie est mal connue en France, mais est « vraisemblablement élevée », assure l’InVS (Institut de veille sanitaire). Cette parasitose cutanée due à la colonisation de la couche cornée de l’épiderme par un acarien, Sarcoptes scabiei hominis, est une maladie ubiquitaire qui touche des individus des deux sexes, de tous les âges, de tous les milieux sociaux sur tous les continents. Dans les pays industrialisés, elle se manifeste à l’occasion d’épisodes épidémiques touchant plus particulièrement des institutions (collectivités, établissements de soins, maisons de retraite). Elle est favorisée par certaines conditions climatiques (températures basses et humidité élevée, survenant en automne et en hiver dans les pays tempérés), les contacts physiques rapprochés et fréquents, la vie en collectivité et la précarité sociale.

Le diagnostic peut être difficile en cas de gale dite « des gens propres », ou « gale invisible » caractérisée par la seule présence d’un prurit sans lésion cutanée (sillon, vésicule perlée, nodule scabieux) au niveau des mains, des poignets, des coudes, des plis axillaires, des fesses, des aréoles mammaires chez la femme et des organes génitaux chez l’homme. Facile à traiter sur le plan individuel, la gale peut être difficile à combattre en cas d’épidémie dans une collectivité. Des mesures énergiques doivent être mises en place pour éradiquer le parasite et éviter la contagion.

› Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr