Quelles sont les organisations qui permettent concrètement aux médecins généralistes de mieux répondre à la demande croissante de soins ? Le syndicat MG France a mis à l'honneur plusieurs expériences de terrain où la coopération avec les infirmières a fait ses preuves.
Le Dr Françoise Guillemot, généraliste à Bellegarde (Ain) a dû changer sa façon de faire après le départ à la retraite de son premier associé puis le départ du second vers un exercice salarié. « Je me suis retrouvée seule, dans une zone frontalière avec la Suisse où il y a huit médecins pour 24 000 patients, raconte le Dr Guillemot. Je ne voulais pas reprendre de secrétaire, j'ai plutôt décidé… de salarier une infirmière. » Celle-ci est embauchée 30 heures par semaine et la généraliste se garde 10 heures de secrétariat pour l'administratif « classique » (comptabilité, courriers). Les deux professionnelles établissent des protocoles pour les différentes consultations chronophages (enfant de trois ans, dossier MDPH, personne âgée avec troubles de la mémoire, maladie chronique). C'est l'infirmière qui accueille le patient, le pèse et le mesure, pose des questions et commence à remplir le dossier avant de passer la main au médecin.
La généraliste a fait ses calculs : elle est gagnante, même si ses charges salariales ont augmenté. Pour une consultation avec un dossier de maison départementale des personnes handicapées (MDPH), l'infirmière passe une demi-heure, le médecin, treize minutes. Pour une personne âgée avec une plaie chronique à la jambe, la paramédicale passe dix minutes et le médecin un peu plus de cinq minutes. « J'ai augmenté d'un tiers le nombre de patients que je vois par jour et avec une prise en charge bien meilleure : l'infirmière a le temps de parler, de faire de la prévention », explique le Dr Guillemot.
Une offre coordonnée plus efficiente
Dans les Pays de la Loire, médecins et infirmiers libéraux se sont coordonnés à grande échelle pour créer des équipes de soins primaires (ESP) prenant en charge les patients localement. Ces équipes ont été instaurées en avril 2018, avec le soutien de leurs unions régionales respectives (URPS) et de l'agence régionale de santé (ARS). Une association a été créée « pour accompagner et indemniser les professionnels et faire l'interface avec l'ARS », explique le Dr Teddy Bourdet, généraliste en Vendée. Le budget pour cette année s'élève à 160 000 euros. Les actions communes autour du patient sont des consultations de prévention, d'éducation thérapeutique, des visites communes à domicile pour les patients âgés chroniques ou après une sortie d'hôpital. « On peut aussi faire des réunions ou écrire un plan personnalisé de santé », indique le Dr Bourdet.
Du temps et de la place
Vice-présidente de MG France, le Dr Margot Bayart a choisi de travailler avec une infirmière Asalée (pour action de santé libérale en équipe), formée à l'éducation thérapeutique et à la santé publique. « Avec 19 minutes en moyenne par consultation, je n'arrivais pas à faire mieux, en moins de temps, explique la généraliste. Je me suis donc tournée vers Asalée pour améliorer la prise en charge des patients chroniques. En 2013, j'ai recruté une première infirmière deux jours par semaine, puis une seconde cette année. » Si ce protocole médecin/infirmier (salué par le ministère de la Santé) est souple et permet un vrai travail en équipe, la généraliste souligne la difficulté de trouver du temps de coordination. « Mon revenu est à 88 % dépendant des actes que je réalise, rappelle-t-elle. Et ce modèle suppose des locaux suffisamment grands et du matériel informatique, cela a un coût. »
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