Le conflit ouvert entre la direction de la polyclinique de l'Ormeau, à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et une partie des salariés s'enlise, au point que les grévistes, mobilisés depuis 56 jours, en appellent au gouvernement pour trouver une sortie de secours.
Depuis le 8 novembre, les personnels de ce gros établissement de médecine, chirurgie et obstétrique (où exercent une quarantaine de médecins libéraux) réclament une revalorisation salariale (point d'indice, primes) et une amélioration de leurs conditions de travail. L'intervention d'un médiateur de la République mi-décembre n'a pas désamorcé la crise, les grévistes rejetant les propositions « fermes et définitives » de la direction, qui a appelé fin décembre les salariés à la reprise du travail.
À l’origine du mouvement de grogne, la CGT – dont le patron Philippe Martinez a assuré les salariés de son soutien – a jugé ce mardi par la voix de sa branche santé que la direction de la clinique « joue la montre » pour sortir du conflit.
Pourrissement
« Les salariés n'ont touché aucun salaire en décembre, a rappelé Mireille Stivala, secrétaire fédérale de la CGT Santé lors d'un point presse. La clinique tourne au ralenti alors qu'on assiste à une montée en puissance de la grippe et de la gastroentérite. Clairement, la direction privilégie le pourrissement de la situation. »
La récente opposition d'une partie des médecins libéraux de la clinique au mouvement ne joue pas en faveur des grévistes. « Les médecins de la polyclinique de l’Ormeau tiennent de nouveau à alerter du risque sanitaire majeur désormais encouru par la population des Hautes-Pyrénées, car tous les habitants sont des malades potentiels, et dont personne ne semble se préoccuper, ont écrit des praticiens de l'établissement par voie de presse. Selon eux, « des centaines de patients attendent depuis plusieurs semaines des interventions indispensables. Des spécialités comme l’urologie, la chirurgie gynécologique et la chirurgie vasculaire ne peuvent plus être assurées dans le département. Les patients attendent des heures dans les services d’urgence faute de lits d’hospitalisation dans des services saturés. »
Si la CGT reconnaît que le mouvement de grève « pose un problème sur la ville » de Tarbes, elle affirme que la prise en charge des patients est assurée par les réquisitions et l'ouverture de blocs supplémentaires dans l'hôpital tout proche, où les médecins libéraux transfèrent leurs opérations. « Il n'y a jamais eu de blocage physique de patients », précise Christophe Couderc, coordinateur régional de la CGT Santé, en écho au passage en force d'un médecin cardiologue.
Lettre ouverte à Touraine
La semaine dernière, la CGT avait réclamé une intervention du ministère de la Santé, du Travail et de Matignon. Dans une lettre ouverte signée par de nombreuses personnalités de gauche (dont Jean-Luc Mélenchon et Noël Mamère), les grévistes réclament à Marisol Touraine d'« agir ». « La grève va entrer dans sa huitième semaine et il est maintenant de la responsabilité des pouvoirs publics de faire entendre raison à MédiPôle Partenaires [propriétaire de l'établissement, NDLR] », écrivent-ils.
Selon la direction, la grève est observée par 40 % du personnel, 60 à 80 % selon les syndicats.
Le groupe MédiPôle Partenaires est entré en discussions exclusives mi-novembre avec le groupe Elsan en vue d’un rapprochement.
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