Le président a remanié selon son bon plaisir. La nomination la plus remarquable de ce point de vue, est celle d'Audrey Azoulay, ex-conseillère culturelle de l'Élysée, qui a pris la place de Fleur Pellerin. Manuel Valls a cherché à défendre Mme Pellerin et s'est heurté à un refus définitif de M. Hollande qui, pour justifier sa décision, a relevé quelques maladresses de la ministre, comme son aveu au sujet de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature, dont elle a admis qu'elle ne l'avait jamais lu. En réalité, le président avait moins de reproches à faire à Mme Pellerin qu'il ne souhaitait placer au gouvernement l'une de ses proches.
L'ex-ministre de la Culture n'a donc pas trouvé auprès de M. Valls le soutien qu'elle pouvait en attendre. Personne sait non plus pourquoi Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique, qui n'a jamais manifesté son indépendance, a été limogée. Personne n'a compris que Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre, ait remplacé Laurent Fabius aux Affaires étrangères alors que Ségolène Royal briguait ce ministère. Chez les écologistes, M. Hollande s'est largement servi (il a en a pris trois) mais sa plus belle prise était Emmanuelle Cosse, dont la nomination a été considérée comme une trahison par Cécile Duflot. Oui, M. Hollande a réussi un joli coup en élargissant en apparence sa majorité, mais cela ne signifie pas pour autant que les électeurs d'EELV, déboussolés par la bizarrerie des comportements des dirigeants du parti et de ses dissidents, vont voter Hollande comme un seul homme en 2017. Il a en va de même du choix de Jean-Michel Baylet, chef des radicaux de gauche, qui fut ministre sous Mitterrand et n'apparaît pas vraiment comme l'homme du renouveau.
Dans la hiérarchie gouvernementale, Emmanuel Macron a été rétrogradé alors qu'il réclamait un élargissement de son portefeuille. Plus grave, c'est Myriam El Khomri, ministre du Travail, et non M. Macron, qui a été chargée de préparer et présenter la réforme du code du travail, comme une si une personnalité plus discrète ferait avaler la pilule aux frondeurs et à l'extrême gauche. C'est raté : Mme El Khomri n'avait plus tôt annoncé les grandes lignes du projet que les frondeurs et l'extrême gauche hurlaient de rage.
Valls inquiet et nerveux
Manuel Valls, de son côté, constate que sa popularité diminue (31 % de personnes interrogées se déclarent satisfaites de son action), qu'il se heurte à des difficultés indescriptibles en ce qui concerne la sécurité et l'immigration. Il est pessimiste et n'hésite pas à dire qu'il y aura de nouveaux attentats. Il se demande si l'impopularité du chef de l'État ne l'entraîne pas lui, Valls, vers des profondeurs d'où il risque de ne pas remonter. Il s'interroge aussi sur la stratégie du président qui repose sur une immense contradiction. Elle consiste à faire croire à la gauche qu'il est son représentant, grâce à la présence, dans son gouvernement, de personnalités moins clivantes que M. Valls ou que M. Macron et, dans le même temps, à lancer une réforme du code du travail que la droite ne désavouerait pas. Ce n'est pas que le Premier ministre soit enthousiaste au sujet de M. Macron qu'il juge trop ambitieux et trop libre à son goût. Mais la fragilité d'une novice chargée de faire adopter par les élus une réforme dont le seul énoncé a déclenché les pires commentaires a de quoi l'inquiéter. L'inquiétude est ce qui le caractérise le mieux en ce moment. On voit avec quelle peine il se contient pendant ses interventions à l'Assemblée. On devine que, sur les obstacles de politique intérieure, il a souvent envie de passer avec un bulldozer.
Bien entendu, les socialistes et l'extrême gauche ne sont pas dupes des manœuvres de M. Hollande, tandis que les écologistes, que le remaniement a ridiculisés, sont très remontés contre lui. On ne peut pas vraiment dire si le président pèche par naïveté ou par cynisme. Son idée de faire une politique de droite avec des hommes de gauche est transparente. Reste à savoir si elle est assez puissante pour assurer sa réélection.
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