En France, 95 % de la population adulte est exposée à un risque sanitaire par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis. C'est ce qu'il ressort d'une expertise de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui s'est autosaisie de la question en 2017. L'état des lieux dressé par l'agence devrait nous inciter, individuellement et collectivement, à profondément changer nos habitudes.
Pour évaluer les risques liés aux niveaux d’activité physique et de sédentarité des adultes de 18 à 64 ans - hors femmes enceintes et ménopausées -, l'Anses s'est appuyée sur les données de l'étude Inca3 2014-2015, mais aussi sur le rapport de l’Anses de 2016 sur l'actualisation des repères du Programme national nutrition santé (PNNS) et les données de la littérature.
Les femmes davantage exposées à l'inactivité physique
En 2016, l'Anses avait défini différents types et niveaux d’activité associés à une bonne santé. Le seuil 1 correspond à 30 minutes de sollicitation cardiorespiratoire au cours d’une activité physique modérée ou élevée au moins cinq jours par semaine, le seuil 2 à un travail musculaire en résistance une à deux fois par semaine, et le seuil 3 à des exercices d’assouplissement deux à trois fois par semaine. L'exposition à l'inactivité physique, définit comme un niveau insuffisant d'activité physique modérée à élevée, correspond à une situation où au moins un des seuils n'est pas atteint.
Selon l'Anses, 95 % des adultes sont exposés à l'insuffisance d'activité physique, avec des disparités entre hommes et femmes, puisque 70 % des femmes n'atteignent aucun des trois seuils contre 42 % des hommes.
Concernant la sédentarité, qui est définie par une activité en position assise ou allongée entraînant une dépense énergétique faible (inférieure à 1,6 MET*), des différences ont été observées entre les 18-44 ans et les 45-64 ans. En effet, 42 % des 18-44 ans sont exposés à plus de 8 heures de sédentarité par jour contre 31 % des plus âgés. À noter que 79 % du temps de sédentarité correspond à du temps passé devant un écran de loisir.
Un risque de mortalité accru de 40 % chez les moins actifs
Concernant les dangers liés à l'inactivité physique et à la sédentarité - augmentation du risque de la mortalité toutes causes et d'origine cardiovasculaire, du risque de maladies cardiovasculaires… -, « les niveaux de preuve sont très élevés », souligne la Pr Irène Margaritis, cheffe de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition à l'Anses.
Par exemple, chez les 37 % d'adultes faiblement à modérément actifs (7 à 30 MET heure/semaine), le risque de mortalité toutes causes est augmenté de 5 à 10 % et le risque de développer un syndrome métabolique de 20 % quand ces risques sont respectivement de 40 % et de 30 % chez les adultes les moins actifs (< 7 MET heure/semaine). L'exposition quotidienne à plus de 8 heures de sédentarité, qui concerne 37 % des adultes, entraîne notamment un risque accru de mortalité toutes causes de 4 à 12 % par heure supplémentaire au-delà de 8 heures par jour et d'obésité de 50 %.
« Certains dangers sont communs, mais l'exposition au risque expose distinctement à l'un ou à l'autre, avec un possible cumul des risques », ajoute la Pr Margaritis. Selon l'Anses, plus d’un tiers des Français cumulent ainsi un niveau de sédentarité élevé et une activité physique insuffisante, les exposant davantage à un risque accru de maladies cardiovasculaires, de cancer, d'hypertension ou d'obésité. Une activité physique importante peut toutefois compenser, au moins partiellement, les risques liés à la sédentarité.
Une question de société
Au vu de ce constat, l'Anses recommande de mener des actions d'information sur les dangers de l'inactivité physique et de la sédentarité, en parallèle d'actions de promotion de la pratique d'activité physique et de la mobilité active. « C'est une question de société, on espère que tout le monde va s'en emparer. Cela commence à l'école », estime la Pr Margaritis, qui déplore « une société où l'on apprend à ne pas bouger ».
L'Anses souligne par ailleurs que les comportements des adultes font écho à ceux des enfants et adolescents, alors que l'agence a mené une expertise dans cette population en 2020, montrant que « 66 % [des 11-17 ans] présentaient un risque sanitaire préoccupant, caractérisé par le dépassement simultané des deux seuils sanitaires : plus de 2 heures de temps écran et moins de 60 minutes d’activité physique par jour ».
* Équivalent métabolique (Metabolic Equivalent Task) : facteur indexant la dépense énergétique lors de la tâche considérée sur la dépense énergétique de repos.
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