Un patient sur 10 en réanimation adulte présente au moins une infection nosocomiale (IN), relève un rapport du réseau REA-Raisin* diffusé sur le site de Santé publique France, portant sur les données nationales de 2016.
Deux cents services (2 392 lits) volontaires, répartis sur 174 établissements de santé, en majorité publics, ont participé à la surveillance, recueillant les données épidémiologiques de plus de 67 000 patients hospitalisés plus de 2 jours. Le réseau de surveillance cible les infections associées à un dispositif invasif (intubation, cathétérisme veineux central, CVC, sonde urinaire) pour lesquelles la prévention est essentielle : pneumonie (PNE), colonisation (COL) de cathéter veineux central (CVC) et infection ou bactériémie associée (ILC/BLC) et bactériémie (BAC).
Les patients inclus de janvier à décembre 2016 ont un âge moyen de 64,3 ans, ont été hospitalisés en moyenne 11 jours. Parmi eux, 70,5 % relèvent à l'admission de la médecine, 17,5 % de chirurgie urgente et 12 % de chirurgie réglée. Autre caractéristique, 7,7 % des patients sont traumatisés, 15,3 % immunodéprimés et 57,2 % ont reçu un traitement antibiotique à l’admission. Le recours à des dispositifs invasifs est fréquent. Plus de 61 % des patients sont intubés, 64 % ont un CVC, et près de 86 % ont une sonde urinaire.
Pneumopathies et bactériémies les plus fréquentes
Parmi les 67 899 patients, 7 026 patients, soit 10,35 %, ont présenté au moins une infection surveillée.
Les infections les plus courantes sont des pneumopathies (5 465 patients, soit 8 % de l'ensemble des patients ; et un taux d'incidence de 15,22 PNE pour 1 000 J-intubation), souvent associées à l'intubation. Elles sont suivies des bactériémies (2 378, 3,5 %, 3,39 BAC pour 1 000 J d’hospitalisation), puis des infections liées aux CVC (351, 0,5 %, 0,76 ILC pour 1 000 J-CVC) et des bactériémies liées aux CVC (257, 0,4 %, 0,55 BLC pour 1 000 J-CVC). Ces infections apparaissent entre 8 et 14 jours après le début de l'hospitalisation.
Les taux varient fortement d'un service à l'autre, selon les caractéristiques des patients. La totalité des régions a une incidence globale inférieure ou égale au seuil de 1 BLC/1 000 J-CVC, l'objectif quantifié national du programme national d'actions de prévention des infections associées aux soins (PROPIAS 2015). Au niveau national, l'incidence globale est de 0,55 BLC/1 000 J-CVC.
Les micro-organismes les plus fréquemment isolés sont P. aeruginosa (19,9 %), S. aureus (13,5 %), S. Epidermidis (12,1 %), et E. coli (11,2 %).
Depuis 2004, la résistance aux antibiotiques (méticilline) continue à diminuer pour les souches de S. aureus (15,2 % SARM en 2016 vs 48,7 % en 2004). En revanche, le phénomène de résistance aux céphalosporines de 3e génération reste élevé pour les entérobactéries productrices de BLSE (EBLSE), avec un taux de 16,8 %, vs 9,9 % en 2005 - Mais le phénomène semble stabilisé et maîtrisé, rassure le rapport.
Amélioration des pratiques et de la prévention
« Depuis 2004, l'étude de l'évolution des taux d'incidence sur l’ensemble du réseau dans le temps suggère un impact de l'amélioration des pratiques et des efforts de prévention mis en œuvre en réanimation », lit-on. Un constat qui recoupe le bilan que la Haute autorité de santé (HAS) a tiré de la campagne 2017
On observe une diminution des taux d'incidence significative pour les BLC (- 19 %), et une diminution non significative pour les BAC (-2,3 %) et les ILC (-3,8 %).
Pour les pneumopathies liées à l'intubation, l'analyse multivariée montre de 2013 à 2015 une baisse significative jusqu'en 2015, puis non significative en 2016.
Enfin, le réseau se félicite du taux de participation, plus de 45 % des lits de réa en France, en nette augmentation depuis 2004 (+ 72 %), signe de l'intérêt des réanimateurs, et de la faisabilité de la surveillance. Ces constats rejoignent les améliorations notées par la Haute autorité de santé (HAS) début 2018.
*Raisin pour Réseau d’alerte, d’investigation et de surveillance des infections nosocomiales
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