Depuis mars 2017, un portail de signalement des évènements sanitaires indésirables (signalement-sante.gouv.fr) est accessible aux professionnels de santé ainsi qu'aux usagers. À terme, il devrait être l'unique plateforme de déclaration pour les professionnels de santé, indique le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS), dans l'éditorial du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (« BEH ») du 17 juillet, consacré au signalement des infections associées aux soins.
La création de ce portail répond à un double regret : une trop faible lisibilité d'ensemble et le défaut d'ergonomie des systèmes de veille et de sécurité sanitaire, construits en silo, et une culture du signalement insuffisante en France.
Depuis son lancement, le portail qui permet de déclarer tout événement sanitaire indésirable lié à un produit ou à une pratique, a permis de recueillir plus de 40 000 signalements. Les professionnels de santé font remonter en priorité des cas de pharmacovigilance (40 %), des évènements graves associés aux soins (28 %) et des cas de matériovigilance, tandis que les usagers se concentrent sur la pharmacovigilance (90 %). Avec des pics lors des affaires médiatiques (comme le changement de la formule du Lévothyrox).
Ce portail a vocation à couvrir toute la sécurité sanitaire, y compris la surveillance ; les professionnels de santé pourront bientôt déclarer les infections associées aux soins, les épisodes de cas groupés d'infections respiratoires et les gastro-entérites aiguës, et à l'avenir, l'ensemble des maladies à déclaration obligatoire, indique le DGS.
23 000 signalements d'infections nosocomiales depuis 2001
Le « BEH » revient sur la dynamique du signalement des infections nosocomiales (SIN), obligatoire pour tous les établissements de santé depuis 2001 - après en avoir livré une photographie début juin, sur les chiffres de 2017.
Entre 2001 et 2017, 23 012 SIN ont été reçus, affectant 100 658 patients - et de plus en plus d'établissements se sont pliés au jeu (de 73 en 2001 à 620 en 2017, soit 91 % des ES Français).
Les sites anatomiques rapportés sont le tractus digestif (dans 39 % des SIN), les poumons (20 %) et les infections urinaires (12 %).
Les bactéries multi et hautement résistantes en progression
Santé publique France observe une forte augmentation des infections impliquant une bactérie multirésistante (BMR), une bactérie hautement résistante émergente (BHRe) - dont la courbe a grimpé en flèche - ou un Clostridium difficile, qui finissent par représenter 46 % des infections nosocomiales (vs 2,5 % en 2001). Respectivement, les BMR constituent 13 % des SIN, les BHRe, 25 %, et C.D., 7 %.
Une telle augmentation témoigne, selon l'agence, de la sensibilisation des équipes d'hygiène hospitalière pour leur contrôle. Mais aussi de la circulation dans les ES des souches EPC (entérobactérie productrice de carbapénèmase), de la famille des BHRe, en lien direct avec l'étranger ou autochtones. Santé publique France rappelle que pour répondre à cette situation pré-épidémique, un outil spécifique pour le signalement de ces épisodes est disponible depuis septembre 2017 - qui simplifie la saisie des informations et sensibilise les établissements de santé aux mesures de gestion des patients porteurs de BHRe. Enfin, l'élargissement du signalement des infections associées aux soins aux établissements médico-sociaux et de la ville, devrait permettre d'avoir prochainement une vision plus globale de ces problématiques.
Neuf cas de bactériémie en néonatalogie non élucidés à l'AP-HP
L'article de Sandra Fournier (équipe opérationnelle d'hygiène, direction de l'organisation médicale, AP-HP) et coll. revient sur les neuf cas de bactériémie à Bacillus cereus survenus entre août et décembre 2016 dans cinq réanimations néonatales de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris. À l'époque, la délivrance de lait en provenance du lactarium d'Ile-de-France avait été suspendue après la contamination de trois grands prématurés. L'enquête rétrospective au sein de l'AP-HP a montré que l'incidence des bactériémies à B. cereus avait augmenté de 0,005 à 0,33 pour 100 admissions en réanimation néonatale entre 2014 et 2016, mais sans pouvoir l'expliquer. Aucune hypothèse ne semble évidente : une contamination de lots de lait se heurte au fait que deux des neuf cas n'ont pas consommé de lait du lactarium ; une contamination des SMOFlipid, émulsion lipidique administrée par voie parentérale à tous les cas, est peu probable eu égard au nombre important de nouveau-nés recevant ce produit en France ; le hasard n'explique pas l'augmentation de l'incidence ; une autre source commune non encore identifiée ne peut être éliminée. Cette alerte a été l'occasion de mettre en place des améliorations autour du circuit du lait au lactarium et dans les hôpitaux, concluent les auteurs.
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