La ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a annoncé dimanche sur France 3 l’interdiction de la vente en libre-service dans les jardineries du désherbant vedette de Monsanto, le Roundup, afin de lutter contre les effets néfastes des pesticides. « La France doit être à l’offensive sur l’arrêt des pesticides », a déclaré la ministre. « Elle doit être aussi à l’offensive sur l’arrêt des pesticides dans les jardins et je vous annonce que j’ai demandé aux jardineries d’arrêter de mettre en vente libre le Roundup de Monsanto », a-t-elle ajouté.
Plan Ecophyto 2
Cette déclaration de la ministre est intervenue peu après que l’association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV) a appelé les agences sanitaires françaises et européennes et le ministre de l’Agriculture sur le glyphosate, demandant notamment qu’il ne soit plus vendu en libre-service aux jardiniers amateurs. Une interpellation à laquelle Stéphane Le Foll avait répondu en rappelant que le plan Ecophyto visait à accompagner les jardiniers à se passer des produits phytosanitaires, en particulier les herbicides prévoyait qu’à compter du 1er janvier 2018, l’accès aux produits phytosanitaires pour les jardiniers amateurs ne puisse plus se faire que par l’intermédiaire d’un « vendeur certifié et compétent » et non plus en libre-service. Le ministre de l’Agriculture avait également indiqué auparavant ne pas vouloir interdire le glyphosate, l’herbicide le plus utilisé en France.
Échéance 2018
Si le CLCV a salué l’annonce de Ségolène Royal, les autres associations sont plus circonspectes. Générations futures rappelle que le plan Ecophyto 2 actuellement en consultation publique prévoit déjà dans son axe 4 l’interdiction de la vente en libre-service. « L’annonce de la ministre de l’Ecologie ne fait donc que reprendre ce point et l’appliquer à un produit pesticide en particulier mais ne signifie pas l’arrêt de la vente du Roundup aux particuliers », indique l’association qui regrette que la ministre n’ait fixé aucune échéance. « L’interdiction pure et simple de vente aux jardiniers amateurs est prévue dans le cadre de la loi dite Labbé à l’horizon 2022 ! », fait observer Générations futures qui craint « une simple opération de communication ». Même crainte d’un « effet d’annonce » du côté du Réseau environnement santé, ce d’autant « que le glyphosate est présent dans beaucoup d’autres produits. Et pourquoi l’interdire dans les jardineries et pas dans les supermarchés ou dans les grandes surfaces ? », interroge le Dr Laurent Chevallier (RES). Le praticien rappelle aussi que le décret interdisant l’usage de pesticides près des hôpitaux et près des écoles tel que le prévoit la loi votée en octobre 2014 d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, n’a toujours pas été publié.
L’interdiction n’est pas à l’ordre du jour
Quant à l’interdiction du Roundup comme le réclame Ligue contre le cancer – tout comme elle demande l’arrêt de l’utilisation des 4 autres pesticides classés comme cancérogènes probables ou possibles par le CIRC (IARC) : Malathion, Tetrachlorvinphos, Diazinon, Parathion –, la question ne semble pas à l’ordre du jour.
Le groupe Monsanto a d’ailleurs expliqué ne pas avoir à ce stade « d’information réglementaire concernant une évolution de l’autorisation de mise sur le marché du désherbant Roundup ». Il affirme qu’« aucune nouvelle donnée scientifique récente ne permet de remettre en cause cette autorisation » et estime que « dans les conditions recommandées d’utilisation figurant sur l’étiquette, le produit ne présente pas de risque particulier pour l’utilisateur ». Monsanto précise enfin qu’une nouvelle évaluation européenne est en cours et que le groupe continue « à travailler activement avec les autorités compétentes pour assurer la ré-homologation décennale européenne du glyphosate ».
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