L’ANALYSE génomique des populations d’anophèles est une nouvelle voie de recherche dans la lutte contre le paludisme. Elle tente de mieux comprendre pourquoi certaines espèces sont plus aptes à transmettre le plasmodium alors que d’autres exposées au même parasite ne le transmettent pas. C’est dans ce cadre qu’une équipe internationale a entrepris la cartographie des gènes d’Anopheles gambiae, le principal vecteur du paludisme en Afrique. Pendant quatre ans, des chercheurs de l’unité de génétique et génomique des insectes vecteurs (Institut Pasteur/CNRS URA 3012), en collaboration avec le Centre de recherche et de formation sur le paludisme de Ouagadougou, l’université du Minnesota et l’université de Harvard, aux États-Unis, ont échantillonné des insectes adultes et des larves sur une bande de plus de 400 km traversant le Burkina Faso.
L’originalité de leur recherche, c’est de s’être intéressée aussi bien aux moustiques endophiles, qui restent à l’intérieur des maisons après leur repas de sang, qu’aux moustiques exophiles, qui ne rentrent dans les maisons que pour se nourrir pour ressortir après leur repas ou qui n’entrent jamais dans les habitations. Jusqu’à présent, l’hypothèse généralement admise est que l’homme ne se fait piquer que la nuit et dans les habitations et les méthodes de collecte et d’échantillonnage étaient adaptées au recueil de moustiques au repos et à l’intérieur des maisons.
Sensibles au Plasmodium.
Grâce à cet échantillonnage étendu, les chercheurs, Michelle M. Riehle et col., ont identifié un sous-groupe d’A. gambiae. Leurs résultats sont publiés aujourd’hui dans « Science » (4 février 2011). Selon les chercheurs, cette nouvelle sous-population, baptisée A. gambiae Gountry, du nom du village où les insectes ont été retrouvés, n’avait « jamais été décrite auparavant ». Il s’agit d’une sous-espèce exophile – ce qui explique qu’elle n’ait jamais été recueillie – et qui « représente plus de la moitié des moustiques prélevés », soulignent M. Riehle et col. Les analyses génomiques ont confirmé qu’A. gambiae Gountry était génétiquement très différent des moustiques connus jusqu’alors. Elles montrent aussi qu’ils sont significativement plus sensibles au Plasmodium falciparum que les moustiques endophiles déjà connus. Plasmodium falciparum est en effet capable de se développer efficacement dans leur organisme, ce qui pourrait rendre ces moustiques « particulièrement aptes à transmettre la maladie », indiquent les auteurs.
Leur découverte pourrait expliquer, selon eux, en partie l’échec des luttes antivectorielles actuelles reposant sur la pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides qui ne parviennent pas totalement à interrompre la transmission du paludisme à l’homme.
L’échec dans les années 1970 du projet Garki, qui tentait d’éradiquer le paludisme dans 164 villages du Nigeria, avait conduit l’OMS à abandonner l’objectif d’éradication. Dans le bulletin du mois de février de l’organisation onusienne, le Dr Robert D. Newman, directeur du Programme mondial de lutte antipaludique, affirme d’ailleurs : « Éradiquer le paludisme est le seul objectif moralement acceptable et il faudra au moins 40 ans pour l’atteindre. » Pour l’heure, l’objectif reste la réduction du nombre des cas dans les régions les plus touchées. Les résultats de M. Riehle pourraient aider à redéfinir les stratégies de contrôle du paludisme.
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