À LA FIN du mois d’août, un détenu hospitalisé en psychiatrie au centre Sainte-Marie de Nice s’évade en sciant un barreau de la fenêtre de sa chambre. À la demande du préfet, une enquête est diligentée. La direction convoque alors le chef de service, le Dr Catherine Laffranchi, psychiatre d’expérience qui exerce depuis treize ans au sein de l’hôpital, par ailleurs vice-présidente de la commission médicale d’établissement (CME). « Lors de cet entretien, mon licenciement n’a jamais été évoqué. J’ai appris par la suite par lettre recommandée ce licenciement pour faute grave, sans indemnité, sans préavis, sans rien », raconte le Dr Laffranchi, qui a engagé un recours auprès du tribunal des prud’hommes. Une audience de conciliation est programmée le 18 novembre, au cours de laquelle la psychiatre demandera sa réintégration.
Chef de service, le Dr Laffranchi avait la charge à l’hôpital Sainte-Marie de l’Unité de soins intensifs psychiatriques (USIP) et d’une unité spécialisée pour adolescents difficiles. Elle exerçait également au sein du Service médico-psychologique régional (SMPR) de la maison d’arrêt de Nice. À l’hôpital Sainte-Marie, le collège médical de l’établissement soutient le Dr Laffranchi dans sa démarche de réhabilitation. Réagissant à cette « décision brutale », le Syndicat des psychiatres d’exercice public (SPEP) « demande (…) que justice soit rendue » afin que la psychiatre « puisse retrouver son poste ». « À ma connaissance, jamais auparavant il n’y avait eu de sanction envers les médecins » après une fugue de patient ou évasion de détenu, relève le Dr Maurice Raibaudi, président de la CME de l’hôpital Sainte-Marie. « Le Dr Laffranchi est un médecin dont la compétence et le sérieux sont reconnus. Il y a environ deux ans, elle avait été élue à l’unanimité vice-président de la CME », souligne-t-il.
Contexte particulier.
Le Dr Laffranchi expose au « Quotidien » les faits qui ont motivé son licenciement : « On me reproche de ne pas avoir maintenu le détenu en chambre d’isolement au cours des 48 premières heures, alors qu’il était en chambre d’isolement, mais avec un aménagement au regard de son état clinique. Il pouvait être avec les autres (patients) dans la mesure où il était extrêmement suicidaire. » L’autre grief est une « mauvaise organisation du service, notamment en ce qui concerne les visites des détenus. Ce détenu avait le droit de recevoir les membres de sa famille habilités par la prison à lui rendre visite ». Le Dr Laffranchi est en outre accusé « d’avoir délibérément ignoré les risques d’évasion de ce patient tant par les policiers que par l’administration pénitentiaire ». Or, poursuit l’ex-chef de service, « nous n’avions aucune fiche d’alerte et ce patient n’était pas en DPS » (procédure de détenu particulièrement surveillé).
Pour le Dr Raibaudi, les reproches formulés par la direction de l’établissement à l’encontre du Dr Laffranchi apparaissent « très discutables » et « pas forcément fondés quant à la réalité des faits ». Contactée par « le Quotidien », Chantal Philip, directrice du centre hospitalier Sainte-Marie de Nice juge cette décision de licenciement « regrettable » mais « tout à fait exceptionnelle », car « liée à un profond dysfonctionnement du service ». Depuis cette évasion (la précédente remontait à 2009), les protocoles ont été revus. « Il faut qu’ils soient respectés et que l’on se donne les moyens de les respecter », indique la responsable de l’établissement. Pour le Dr Raibaudi, « il est évident que le Dr Laffranchi paie à cette occasion, qui ne constitue qu’un prétexte, les prises de position qu’elle a pu prendre par le passé. » Au sein de l’hôpital, « il y a un contexte particulier où, depuis plusieurs années, certains médecins font l’objet de traitements particuliers », estime-t-il.
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