DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
« EN AFRIQUE, on sait depuis longtemps que l’infection par le VIH/sida est un problème féminin. » Ophelia Haanyama Orum est une jeune femme née et élevée en Zambie, qui a émigré en Suède en 1991, où elle a appris sa séropositivité au décours d’une grossesse. Depuis, elle entend faire partager son expérience et contribuer à ce que les femmes soient mieux reconnues. Comme elle, environ 17 millions de femmes de 15 à 49 ans dans le monde sont infectées par le VIH, ce qui représente près de la moitié des personnes vivant avec le virus (33 millions de personnes).
Une donnée est particulièrement alarmante : si l’on considère les plus jeunes de 15 à 24 ans, la proportion de femmes atteints les 60 %. Cette évolution ne se limite pas aux pays en développement, puisqu’un nombre croissant de femmes est infecté dans les pays du Nord. « Un quart des personnes vivant avec le VIH en Europe sont des femmes », a expliqué le Dr Jane Anderson, directrice du Centre pour l’étude de la santé sexuelle et du VIH à l’hôpital d’Homerton (Royaume-Uni). En France, le pourcentage est de 34 % et il s’agit majoritairement de femmes originaires d’Afrique subsaharienne.
Des besoins spécifiques.
La plus grande vulnérabilité des femmes s’explique à la fois par des facteurs physiologiques et sociaux ou économiques. Elles ont deux fois plus de risques de contracter le VIH au cours d’un rapport hétérosexuel non protégé que les hommes. Elles sont souvent moins autonomes économiquement, n’ont pas la maîtrise de la contraception (elles doivent négocier le préservatif) et ont moins accès aux soins. « Au Royaume-Uni, les femmes non diagnostiquées au cours d’une grossesse ont souvent des taux de CD4 inférieurs à 200 », a souligné le Dr Anderson. Ces diagnostics tardifs augmentent le risque de mortalité.
Selon cette spécialiste, les femmes devraient être considérées comme une population spécifique avec des besoins spécifiques. « Bien que les données existantes suggèrent que les femmes répondent à la maladie, aux traitements différemment que les hommes, elles sont encore insuffisantes pour guider la décision des praticiens concernant le choix du traitement et de la posologie », relève-t-elle encore.
Le Dr Antonella D’Arminio Monforte, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Paolo de Milan (Italie) a rappelé les spécificités de la vie des femmes rythmées par la contraception, la grossesse, la ménopause. « On recommande aux femmes une double protection : l’utilisation du préservatif mais aussi la contraception orale. Toutefois, les recommandations ne sont pas encore précises quant au choix d’une contraception orale pour les femmes sous traitement antirétroviral », a-t-elle précisé. De même, si les ARV ont permis de réduire la transmission mère-enfant (inférieure à 2 % dans les pays industrialisés), peu de données existent sur l’effet des traitements chez les femmes enceintes.
Sous-représentées dans les essais.
Le Dr Roland Tubiana, de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris) a insisté : « Les femmes sont sous-représentées dans les essais cliniques ». Au moment du choix du traitement, il est important, selon lui, de prendre en compte ces différences de genre. « Les femmes interrompent plus souvent leurs traitements que les hommes et payent un plus lourd tribut aux effets secondaires », a-t-il rappelé. Acidose lactique, rash cutané, hépatotoxicité, lipodystrophie sont plus fréquents chez la femme. « Il est important de mieux comprendre les différences pharmacocinétiques entre les hommes et les femmes afin de mieux appréhender l’impact des traitements chez les femmes et de mieux individualiser les prises en charge », a-t-il conclu.
* Organisée avec le soutien de Bristol-Myers Squibb.
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