Les chercheurs alertent sur la santé périnatale en France dans plusieurs rapports publiés à l'automne. Si les raisons précises du phénomène n'ont pu être éclairées, c'est un appel à amplifier la stratégie des 1 000 premiers jours - qui a, en particulier, rendu obligatoire, le 1er juillet 2022, l'entretien postnatal précoce afin de prévenir la dépression post-partum.
Selon le rapport Euro-Peristat, la France se classe au 20e rang sur 28, des pays européens, en termes de taux de mortinatalité (enfants mort-nés à partir de 24 semaines d’aménorrhée), avec 3,6 décès pour 1 000 naissances en 2019. Soit bien plus que le taux médian de 2,5 mort-nés pour 1 000 naissances en Europe (au sein d'une échelle allant de 1,4 à 3,7), et sans réel progrès depuis la précédente enquête où la France était au 21e rang.
Les taux de mortalité néonatale (décès de l’enfant dans les 28 jours suivant la naissance), eux, repartent à la hausse depuis 2012 après avoir diminué (et même fortement au début des années 2000), a mis en lumière une étude Inserm/Université de Paris/AP-HP/CHU de Nantes, publiée dans « The Lancet Regional Health-Europe » (1). Le taux de mortalité est ainsi passé de 3,32 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2012 à 3,45 en 2019, soit une hausse de 7 %. Soit 900 à 1 000 nouveau-nés supplémentaires qui mourraient en France par rapport à la Finlande.
La situation serait encore plus critique en outre-mer, où le taux de mortalité maternelle est 4 fois plus élevé qu’en métropole, celui de mort-nés 1,5 fois plus élevé et le taux de mortalité néonatale 2 fois plus élevé, selon un autre rapport de Santé publique France.
Seule éclaircie au tableau : la prématurité est en baisse en France depuis 2017 pour atteindre un taux de 6,6 % (et 9,5 % dans les Drom), ce qui place la France dans une position médiane en Europe, où les taux vont de 5,3 % à 11,3 %. Et le taux de césariennes est maîtrisé durant la période 2015 à 2019, autour d'une pour cinq naissances en 2019 (20,9 %), ce qui hisse la France au 9e rang européen.
Inégalités sociales de santé
Les études épidémiologiques ne s'étendent guère sur les facteurs qui expliqueraient la médiocrité des indicateurs français de la santé périnatale. « Il faut améliorer le suivi précis des décès des nouveau-nés et des circonstances des décès pour comprendre un problème structurel inquiétant », a expliqué le Pr Jean-Christophe Rozé, chef du service de médecine néonatale au CHU de Nantes et co-auteur de l'étude de l'Inserm sur la mortinatalité. « La France doit s'approprier ce sujet », insiste-t-il.
Parmi les causes évoquées, même si non investiguées, figurent les inégalités sociales de santé (avec une augmentation de la précarité des mères et des taux de pauvreté des enfants), la forte prévalence du tabagisme maternel et du surpoids/obésité (qui touchent respectivement 23 % et 15 % des futures mères), ou encore le recul de l'âge de la première grossesse (près d'un quart a plus de 35 ans en 2021). L'enquête nationale périnatale (ENP) 2021 met aussi en évidence le poids de la santé mentale, affirmant que 16,7 % des femmes présentent des symptômes d'une dépression post-partum, deux mois après leur accouchement. Pourrait enfin jouer la dégradation de la qualité des prises en charge, sans que les données disponibles ne permettent d'être catégorique.
(1) N.T. H. Trinh et al, Lancet Reg Health Eur, 2022. doi: 10.1016/j.lanepe.2022.100339
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