LES FRANçAIS, dans la nouvelle affaire Rachida Dati, ont de nombreuses excuses : ils ont envie de parler d’autre chose que la crise économique et financière, que la guerre à Gaza et même que le nouvel exécutif américain. Les médias sont leurs obligés et répondent donc à l’attente du public. Mais je ne crois pas avoir entendu un seul commentateur dire que, nonobstant les manies sociétales contemporaines, le sujet n’a aucun intérêt. Il en a acquis un peu, néanmoins, par la qualité unique des propos auxquels il a donné lieu. Ils vont tous dans le même sens, qu’ils soient inspirés par le voyeurisme ou par le réglement de comptes politique. Jamais l’atmosphère du politiquement correct n’a été aussi étouffante dans un pays dont le président, pourtant, a tout fait pour le démystifier.
L’exégèse la plus grotesque.
Mais c’est plus fort que nous, il faut que nous administrions la preuve de notre intelligence. L’accouchement de Rachida Dati n’est pas une affaire privée, c’est un événement public. La ministre a d’ailleurs tout fait pour attirer l’attention, notamment en refusant de fournir l’identité du père, ce qui est son droit absolu. Tout se passe comme si les médias avaient voulu se venger de ne pas en savoir plus et de lui faire payer son secret ; ils sont allés demander à des gens qui se targuent d’une compétence complètement inadaptée à une question personnelle des explications sur le comportement de Rachida Dati, des éclaircissements sur la césarienne, des digressions sur l’état de fatigue de la mère après l’accouchement, des analyses sur le subconscient de Mme Dati, et, le pire, des commentaires politiques.
Ce qui nous a permis d’entendre la plus grotesque des exégèses, celle de Ségolène Royal, une autre femme libre qui accoucha jadis médiatiquement, mais qui dénonce le « harcèlement » dont Rachida est victime dès lors que Nicolas Sarkozy a lancé la réforme du juge d’instruction aussitôt après l’accouchement de sa garde des Sceaux. Mais c’est bien sûr! Tout ça était prémédité. Des espions ont permis à M. Sarkozy de savoir à quelle date probable la ministre allait accoucher et quand il l’ont vu partir en hâte pour la clinique, ils ont téléphoné à Nicolas qui, dans la foulée, a lancé sa réforme. Il y a vraiment des moments où la bataille politique devient misérable et on peut se demander si l’auteur d’une telle théorie mérite d’être élue. Il est vrai qu’on peut en dire autant pour pas mal de personnalités en vue.
Tant pis pour Ségolène, mais les autres ? Cette dame qui dirige un méprisable magazine « people » et s’est transformée en quelques mois en papesse du Gotha, en gourou salvateur, en prédicatrice, elle a tout compris. Rachida a tout calculé. Elle l’a fait pour redorer son blason auprès de Nicolas. Elle lui a montré qu’elle n’a pas besoin de seize semaines de congé maternité, car elle est superwoman. Elle a prouvé aux autres ministres que, pour être en délicatesse avec le président, elle n’est pas finie. Elle a abusé des médias, autrement dit le coup de pied de l’âne : c’est des mariages et des naissances que se nourrissent les magazines, c’est sur les mères que la dame cible ses flèches. Passons.
Le plus pénible vient du discours sociologique : Rachida Dati se moque des millions de mères françaises qui obtenu non sans peine le congé de maternité. Vous n’avez rien compris, il s’agit d’un complot entre le président et sa ministre pour en finir avec les acquis sociaux. Désormais une femme qui accouche n’aura droit qu’à cinq jours de congé. Quant au père, qui s’intéresse à lui ? Il ne bougera pas de son poste de travail. L’exemple donné par Rachida est tout simmplement consternant. D’ailleurs, c’est clair, elle se fiche de son bébé comme d’une guigne, elle s’en sert pour ses ambitions personnelles, c’ets une mère dénaturée. On ne l’a pas dit en ces termes, mais on le laisse entendre.
Je suis libre.
Si j’étais Mme Dati, voilà ce que je dirai : « Je suis libre. J’accouche comme je l’entends et c’est un droit bien supérieur à ceux que vous négociez de façon interminable dans les ministères. Je vais au travail quand je l’entends, parce que ma vie n’est pas rythmée par des dispositions, des mesures collectives et des décisions gouvernementales. J’ai le droit de ne pas parler du père. J’ai le droit d’aimer ma fille à ma façon. J’ai le droit de mettre au monde une enfant et de vivre ma vie. Et puisque vous critiquez mon style paillettes, je vais en rajouter, rien que pour vous faire causer ».
Oh, Rachida n’est pas exempte de tout défaut et il est logique que la presse s’en prenne à une ministre qui a souvent agi dans la confusion et dans le désordre. Mais là, on va trop loin. On fait tout pour enfermer les activités humaines dans des concepts qui risquent à la longue de nuire aux initiatives personnelles. Comme on a une explication pour chaque chose, on a des théories inapplicables aux cas singuliers. Mme Dati en est un. Elle a compris qu’elle vit dans un régime de liberté.
RACHIDA DATI OPPOSE SA PROPRE LIBERTÉ À UN INSUPPORTABLE POLITIQUEMENT CORRECT
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