RÉSISTER À INTERNET, c’est nier son époque. Comme il était absurde, il y a quelque dix ou vingt ans, de renoncer à la télévision, considérée par certains comme un instrument d’abrutissement des masses. Ce qu’elle peut être parfois, ou même souvent, mais ce qui ne l’empêche pas d’apporter au cur du foyer information et distractions immédiates. Internet est devenu un moyen de communication instantanée et pratique. Les applications des logiciels sont infinies. On peut tout faire sur Internet, sans avoir besoin de sortir de chez soi. Et s’il est vrai que le recours à Internet exige des compétences croissantes, souvent au delà des limites de ceux qui ont du mal à s’adapter à ses règles techniques, le même problème existe dans toutes les formes d’apprentissage, de la conduite automobile à la perception de la musique en passant par la lecture : je peux lire un récit, j’ai du mal à comprendre Heidegger. Il y a donc des illettrés et des virtuoses d’Internet comme il y a des gens qui jouent du piano et d’autres pas.
L’acquisition des savoirs reste indispensable.
Internet est également un magnifique vecteur de la démocratie, pour la simple raison que l’utilisation du réseau ne coûte presque rien et permet à chacun d’entre nous de s’exprimer librement. Comme, successivement, la machine à laver, la télévision, le téléphone portable, Internet s’ajoute aux moyens de plus en plus pratiques dont nous disposons mais ne devient pas pour autant un moyen exclusif des autres. Il ne dispense pas de la conversation de vive voix, il ne remplace pas une soirée au restaurant, au théâtre ou au cinéma, et pas davantage la lecture d’un roman, même s’il est déjà possible, avec le système Kindle, de lire des livres sur Internet. C’est sur ce sujet que beaucoup d’internautes se trompent lorsqu’ils tentent de faire de leur ordinateur la machine à tout faire, musique, lecture, information, spectacles, sexe.
De même qu’il faut une salle de bains pour prendre une douche et une cuisine pour manger, rien ne remplacera jamais le livre, même s’il devient électronique, ni le journal, même si on peut le lire en ligne. Les meilleurs logiciels ne se substitueront jamais à l’apprentissage, d’autant que les bons internautes doivent avoir intelligence et connaissances pour se servir de leur ordinateur. L’éducation et la formation professionnelle sont toujours indispensables. Or que voit-on ? Que la société française produit des illettrés et, avec eux, des personnes dont le niveau de connaissances est insuffisant pour l’accomplissement des tâches traditionnelles et a fortiori modernes. Si la réforme du lycée contient une disposition pour rééquilibrer les filières et cesser de sacrifier la filière dite littéraire, c’est parce qu’on a enfin compris que, avant de produire massivement des techniciens spécialisés dans un métier, il faut leur donner une culture générale. Il faut qu’ils apprennent à parler, à rédiger un texte, à s’exprimer de manière audible et même convaincante avant même d’entrer dans l’exercice d’un métier qu’ils sont seuls à connaître.
Une collision permanente.
Internet est précisément le théâtre universel d’une collision permanente entre les lacunes des internautes et leur hâte à s’adresser au reste du monde. Nous avons là, en puissance, six milliards d’écrivains dont l’immense majorité ne sait pas écrire. Ils se précipitent tous dans ce vaste colloque de Babel, mais ils ne possèdent pas les instruments de la conversation. Informations jamais vérifiées qui servent de base à l’analyse, irresponsabilité des écrits (il suffit de voir de quelle manière sont traités les personnages connus), excès des passions exprimées qu’aucun mors ne bride, indécence dans la fréquence des imprécations et des insultes, manipulations du public par des sites qui, sous le prétexte de défendre une cause, multiplient les mensonges et remplacent les faits par la propagande. Sans compter les utilisations frauduleuses du réseau encombré par les escrocs de tout poil.
On n’est pas nécessairement écrivain, journaliste, rapporteur, rédacteur parce qu’on est internaute. Et on ne fera jamais l’économie d’une formation à la vie. Lire, écrire, concevoir, analyser, autant de savoirs indispensables à n’importe quel individu, qu’il soit internaute ou pas. Mieux : il n’y aura pas de bon Internet sans internautes qualifiés.
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