LA RÉAPPARITION de la grippe aviaire depuis 2003 et la pandémie de grippe A(H1N1) de 2009 ont rappelé la létalité potentielle des pathologies grippales et souligné les limites du système actuel de production de vaccin protecteur. Ces circonstances ont rendu évidente la nécessité de stratégies nouvelles.
C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs de l’université de Rochester, dans l’état de New York, a mis au point un vaccin recombinant contre le virus A(H1N1) qui a été fabriqué dans la bactérie Escherichia coli et qui s’est montré efficace sur un groupe de 128 adultes de 18 à 49 ans.
Ce vaccin est constitué par la tête globulaire du domaine HA1 du virus A/Solomon Islands/3/2006(H1N1) fusionné génétiquement au ligand du récepteur de type Toll 5, la flagelline, qui sert d’adjuvant.
L’originalité de cette approche vient de l’utilisation d’un système bactérien. En effet, pendant longtemps, les scientifiques pensaient que seules les cellules eucaryotes possédaient la machinerie requise pour le pliage de l’hémagglutinine selon une conformation capable de déclencher une réaction immunitaire. D’où l’usage d’œufs fertilisés et, plus récemment, l’exploitation ou l’exploration du potentiel de cultures de cellules de mammifères ou d’insectes.
Pour obtenir une bonne configuration de l’hémagglutinine dans une cellule bactérienne, explique au « Quotidien » le Dr John Treanor, responsable de l’équipe de l’université de Rochester, qui a testé le vaccin expérimental pour la société Vaxinnate, les chercheurs ont eu recours à une série de modifications structurelles et « ont fait très attention à la quantité d’hémagglutinine qui est exprimée ».
L’intérêt de la flagelline.
Le vaccin ainsi produit a provoqué chez les sujets auxquels il a été injecté la formation d’anticorps contre le virion naturel cultivé dans l’œuf. Les scientifiques américains rapportent avoir également observé des réponses vigoureuses à des doses relativement faibles. Un phénomène qu’ils attribuent à la présence de la flagelline. L’avantage unique du vaccin bactérien est qu’il permet d’attacher physiquement la flagelline à l’hémagglutinine humaine. La fixation de l’adjuvant à la protéine antigénique permet à ces deux molécules d’atteindre simultanément les cellules de l’hôte et de rendre ainsi le vaccin beaucoup plus efficace.
En dépit de ces résultats encourageants, et dans la meilleure hypothèse, le vaccin fabriqué chez Escherichia coli nécessitera plusieurs années supplémentaires de développement avant d’être disponible commercialement. Dans un premier temps, il s’agira de confirmer que l’induction de la production d’antigènes correspond effectivement à un effet protecteur et de diminuer la toxicité due à l’adjuvant.
Plus important, sans doute, il convient aussi de remarquer qu’il ne s’agit pour l’instant que d’un vaccin monovalent, l’étape suivante consistera donc à démontrer que cette démarche peut être aussi appliquée aux hémagglutinines des virus H3N2 et B et que ces molécules pourront être combinées dans un vaccin trivalent.
Beaucoup d’incertitudes subsistent et le chef du département de médecine du centre médical de l’université de Rochester s’empresse d’indiquer que l’approche bactérienne ne constitue qu’une des pistes de recherche de son équipe.
Mais « l’avantage de ce modèle, souligne le Dr Treanor, est qu’il est basé sur l’utilisation d’un système facilement accessible et très bon marché et qu’il pourrait conduire à la fabrication de quantités de vaccins très supérieures » à ce qui est possible actuellement. Une piste donc dans la quête d’un vaccin plus abordable pour le monde en développement.
Vaccine 28 (2010) 8268–8274.
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