C'est autour de la cinquantaine que certaines maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle, cholestérol…) deviennent plus fréquentes. Mais plus les personnes vieillissent, plus le nombre de maladies augmente. « À 70 ans, les personnes présentent, en moyenne, 3 ou 5 maladies chroniques et aiguës confondues », souligne le Dr Christophe Trivalle, gériatre à l'hôpital Paul Brousse (Villejuif) et coordinateur de la troisième édition de Gérontologie préventive (édition Elsevier Masson)*.
Une accumulation de maladies
Malgré les progrès de la médecine, l'âge reste ainsi un facteur majeur de survenue de maladies. Un des défis actuels de la gériatrie est alors d'éviter le vieillissement pathologique des patients, c'est-à-dire, un vieillissement avec différentes pathologies qui s'accumulent au cours du temps et qui vont entraîner, à terme, une dépendance. « Les patients présentant un vieillissement pathologique sont souvent ceux qui, plus jeunes, avaient des maladies chroniques mal contrôlées et donc, responsables de complications. Un diabète ou une hypertension artérielle non correctement soignés augmentent le risque de survenue d'accidents vasculaires cérébraux, de pathologies coronariennes et de maladies neurodégénératives ouvrant la voie à la dépendance », rappelle le Dr Trivalle. Le vieillissement pathologique peut également être le résultat de maladies survenant chez le sujet âgé comme la maladie d'Alzheimer, ou la maladie de Parkinson. Aujourd'hui, l'âge à partir duquel la société considère une personne comme étant âgée reste floue. « Actuellement, en gériatrie, nous prenons en charge des personnes de plus de 75 ans. Mais cette limite d'âge ne cesse de reculer au fur et à mesure que l'espérance de vie augmente. Par ailleurs, en France, l'âge moyen d'entrée en maison de retraite (et donc, dans la dépendance) est de 85 ans », indique le Dr Trivalle.
Lutter contre la dépendance
Pour les gériatres, l'objectif est de reculer l'âge de survenue de la perte d'autonomie et donc, de favoriser le « vieillissement réussi » chez un maximum de patients par le biais de la prévention. Celle-ci devant débuter dès le plus jeune âge. « Actuellement, par exemple, sur 100 patients de 80 ans hospitalisés en soins de longue durée, 6 seulement ont encore au moins 6 dents. La prévention bucco-dentaire doit se pratiquer dès l'enfance pour diminuer les problèmes dentaires à un âge avancé. Même règle pour l'activité physique régulière et l'adoption d'une alimentation équilibrée et variée, facteurs de prévention bien connus de maladies cardiovasculaires, métaboliques et cérébrales », note le Dr Trivalle. La prévention primaire, dès l'enfance ou, du moins, avant que la maladie survienne est ainsi un facteur de santé optimale à un âge avancé. « Dans la prévention primaire, les vaccinations sont également indispensables. Chez les patients âgés, la question du tétanos est importante : beaucoup de femmes âgées n'ont jamais été vaccinées contre cette pathologie. Quant au vaccin contre la grippe, il doit être effectué tous les ans, à partir de 65 ans », affirme le Dr Trivalle. Mais il n'est jamais trop tard pour prendre soin de sa santé. Ainsi, lorsque la maladie est présente, son contrôle par le biais d'une hygiène de vie correcte et d'une bonne observance thérapeutique permet d'éviter l'aggravation de l'état de santé. « Pour éviter le risque d'entrée dans la dépendance, l'exercice physique (la marche, notamment) est nécessaire. Lorsque le patient est diminué, le kinésithérapeute peut aider à stimuler la marche. Enfin, le fait de préserver le lien social est primordial au bon vieillissement », conclut le Dr Trivalle.
* Cet ouvrage collectif traitant de la prévention du vieillissement est destiné à tous les professionnels de santé en lien avec les personnes âgées.
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