Les autorités sanitaires américaines craignent la recrudescence d’un syndrome apparenté à la polio qui avait affolé les États-Unis en 2014, frappant au moins 120 personnes en quelques mois, sans qu'aucune cause n'ait pu être établie.
Alors que seule une vingtaine de cas avaient été recensés dans le pays en 2015, cette année, les Centers for disease control (CDC) annoncent en avoir déjà identifié 50 en huit mois.
« Ce qui m’inquiète, c’est que l'on perçoit une tendance quasi similaire à ce que l’on a observé il y a deux ans », témoignait la semaine dernière le Dr Teri Schreiner, du Children’s Hospital dans le Colorado, dans une interview télévisée accordée à la chaîne NBC News. Les CDC appellent cependant à la prudence dans l’interprétation de cette tendance.
Paralysie foudroyante et irréversible
La caractéristique principale de cette myélite est une perte brutale de la tonicité et des réflexes musculaires dans les membres. Certains patients peuvent également présenter un affaissement du visage ou des paupières, des difficultés à bouger les yeux, à avaler et des troubles de l’élocution. Côté radiographie, les images IRM révèlent une anomalie de la moelle épinière.
L’étendue des dégâts varie d’une personne à l’autre – certains perdent l'usage d'un muscle dans un bras ou une jambe, tandis que d’autres se retrouvent soudainement tétraplégiques, nécessitant une aide respiratoire.
L’entérovirus D68 : présumé innocent ou coupable ?
Malgré les efforts de recherche déployés depuis 2014, les CDC indiquent ne pas avoir réussi à identifier la cause de la maladie, ou ses facteurs de risque. L’entérovirus D68 (EV-D68), un cousin du poliovirus, était initialement suspecté. En effet, l’apparition de la maladie coïncidait avec une épidémie d’infections respiratoires dues à l'EV-D68. « Mais EV-D68 n'apparaît pas de manière systématique dans le liquide céphalorachidien (LCR) des malades atteints par ce syndrome », conclut l’autorité américaine.
D’autres experts sont pourtant moins catégoriques : « Les CDC sont très prudents car, dans le passé, l'EV-D68 avait rarement été associé à des atteintes neurologiques, explique le Dr Audrey Mirand, du Centre national de référence des entérovirus et parechovirus du CHU de Clermont-Ferrand. Mais rappelons que le poliovirus et l’entérovirus A71, non plus, ne se retrouvent pas de façon systématique dans le LCR des patients présentant des atteintes neurologiques sévères… C’est grâce aux études de physiopathologie qu’on a pu prouver qu’ils étaient neurovirulents. Pour l’EV-D68, les investigations sont en cours. »
La France n'est pas épargnée
En France, après un seul cas de myélite signalé en 2014 (aucun en 2015), « en 2016, il y a une recrudescence d’atteintes neurologiques, dont des myélites, chez des enfants en bas âge, en association avec des infections aux entérovirus », précise le Dr Mirand.
Cet été, Santé publique France a mis en place un système de signalement des myélites et d'autres atteintes neurologiques sévères. « Plusieurs cas » sont en cours d’investigation.
« Depuis cet été, lorsqu’un médecin suspecte une atteinte neurologique sévère potentiellement associée à une infection à entérovirus, il doit le signaler à Santé publique France et prescrire la recherche des entérovirus dans le LCR, les selles, les aspirations nasopharyngées ou les écouvillonnages de gorge, décrit le Dr Mirand. Si un entérovirus est détecté, il doit ensuite être identifié : les échantillons positifs sont donc transmis à l’un des deux laboratoires du Centre national de référence des entérovirus, à Lyon ou à Clermont-Ferrand », précise le Dr Mirand.
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