COMME TOUTE HISTOIRE rocambolesque, celle-ci est compliquée. Sur le site du « Journal du Dimanche » s’est glissée une information dont on ne sait pas avec certitude si elle y a été mise par des collaborateurs du groupe ou si elle a été insérée par un individu extérieur aux rédacteurs du site. L’« information » a été reprise largement par la presse étrangère, anglo-américaine notamment, qui, au passage, s’en est prise aux médias français, trop timides et déférents à ses yeux. Il eût été plus décent, pourtant, de ne pas s’emparer d’une « nouvelle » peu crédible que rien, dans le comportement public ou le calendrier du couple présidentiel, ne venait étayer. D’autant que le chef de l’État lui-même, répondant à une question insidieuse lors d’une conférence de presse, l’avait écartée d’un mot furieux : « Élucubrations ». On n’était certes pas obligé de le croire : on a déjà vu émerger de rumeurs assassines, destinées à causer le plus grand tort aux puissants de ce monde, de saissantes vérités, comme la seconde famille de François Mitterrand ou les aventures de Bill Clinton avec une stagiaire de la Maison Blanche.
IGNOREZ LA RUMEUR ET VOUS L’ACCRÉDITEZ ; COMBATTEZ-LÀ, VOUS L’ACCRÉDITEZ AUSSI
Un sujet scabreux.
Même si une information sur la vie privée du président est vraie, faut-il nécessairement la publier ? Oui, si elle est de nature à affecter sa conduite des affaires nationales et internationales. Mais allez savoir si de quelque dissentiment orageux avec son épouse il puiserait tant de mauvaise humeur qu’il commettrait une bourde diplomatique ? Le sujet ne nous plaisait guère parce qu’il est scabreux. Mais tout a changé depuis lundi. On a appris que le « Journal du Dimanche » (JDD), après avoir licencié deux de ses collaborateurs, portait plainte contre X. Me Thierry Herzog, l’avocat de Nicolas Sarkozy, qui a déjà porté plainte trois fois au nom de son client, notamment à cause d’un faux SMS à Cécilia, et attribué au président, commente la décision du JDD ; Pierre Charon, conseiller très proche du chef de l’État, envisage un complot, peut-être financier !, contre le président. « Le Canard Enchaîné », depuis la semaine dernière déjà, affirme que M. Sarkozy soupçonne Rachida Dati, ancienne ministre de la Justice, d’être à l’origine de la rumeur (sur la foi d’informations recueillies par les renseignements généraux). Tout à coup, on mesure les dégâts causés par la rumeur, on imagine que des individus vont être interpellés, peut-être jugés et condamnés pour leur malveillance. Une sorte de revanche du pouvoir sur cette abomination qu’est parfois Internet. Le président, sa femme, une ancienne ministre (et pas des moindres du point de vue médiatique) : c’est bel et bien une affaire d’État.
On reconnaît une fois de plus le style de M. Sarkozy. La rumeur, certes, l’a indigné, d’autant qu’elle semble totalement fausse. Il s’est d’abord contenu, en tirant de son expérience l’idée qu’il fallait ignorer la rumeur jusqu’à ce qu’elle disparaisse. mais l’usage qu’en a fait la presse étrangère, le volume qu’elle occupe dans toutes les conversations, le « buzz » énorme (parlons comme Internet) qu’elle a entraîné ont eu raison d’une patience dont le président ne possède que d’infimes quantités. Comme pour Dominique de Villepin, il réclame justice pour lui et sa femme ; mais averti par les erreurs qu’il a commises dans l’affaire Villepin, il laisse le soin au JDD, c’est-à-dire à un groupe de presse dont il peut influencer le propriétaire, de porter plainte. Une espèce de complot, dit M. Charon, une machination, affirme Me Herzog ; du coup, la rumeur oblitère tout le reste, la crise, les sérieuses difficultés de la droite, la remise en cause des réformes, la menaçante ascension de la gauche et même la sempiternelle grève du métro parisien. L’entourage du président justifie son besoin de se battre par la gravité qu’il attache à ce qui pourrait bien être en réalité le méprisable effet de la méchanceté ou de la monstrueuse bêtise d’un bloggueur.
On ne jettera pas pour autant la pierre au président. La rumeur est un venin mortel. Si vous l’ignorez, vous semblez l’accréditer ; si vous la combattez, vous semblez l’accréditer. La difffamation est aussi vieille que l’humanité. Le meilleur moyen d’affaiblir un puissant adversaire, c’est de le discréditer. La rumeur, de ce point de vue, est une atteinte directe au fonctionnement des institutions démocratiques : quand quelqu’un a voulu faire croire que M. Sarkozy possédait un compte à l’étranger, ce quelqu’un tentait de lui barrer la route de la présidence.
Le président n’est pas exactement une pauvre victime qu’il faut plaindre. Il n’en a pas moins le droit de n’être jugé que sur l’application de son programme et non sur des ragots relatifs à ses relations personnelles avec sa femme. Le pire, c’est que le venin se répand dans les cercles du pouvoir. Qu’est-ce qui permet au président de désigner Rachida Dati comme l’instigatrice de cette affaire tant qu’il ne l’a pas prouvé ? Et si, comme elle le fait dire par ses proches, elle est innocente, pourquoi est-elle placée dans la situation de la condamnée alors que la vérité n’est pas établie ?
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