LA VACCINATION des soignants n’est plus obligatoire en France mais elle reste fortement recommandée. « On estime que le risque d’attraper une rougeole chez les professionnels de santé non-immuns est 13 fois plus élevé qu’en population générale », rappellent le Pr Philippe Brouqui, du service des maladies infectieuses et tropicale de l’hôpital Nord de Marseille, et ses collaborateurs dans l’étude qu’ils publient dans « Eurosurveillance »*. De plus, expliquent-ils, « un quart au moins des soignants ignorent leur statut immunologique vis-à-vis de la rougeole ou des oreillons ».
À l’issue de leur étude portant sur 14 cas de rougeole identifiés chez des soignants de 3 des établissements de l’AP-HM, les auteurs estiment qu’« une recherche d’anticorps antirougeole doit être réalisée chez tout professionnel de santé âgé de moins de 30 ans, quelle que soit sa fonction. Tout sujet non-immun doit être rapidement vacciné. » Le Pr Brouqui et ses collaborateurs estiment que la recherche de sujets susceptibles pour la rougeole de même que la vaccination doivent être assurées par la médecine du travail au moment de l’examen d’embauche mais aussi par la médecine préventive au moment des études médicales et des études d’infirmiers.
Refus de vaccination.
Et ils insistent : « La vaccination étant le moyen de protection contre la propagation de la rougeole, nous suggérons aussi que tout professionnel de santé qui refuserait de se faire vacciner soit empêché de prodiguer des soins aux patients immunodéprimés. »
Depuis 2008, la France connaît une recrudescence des cas de rougeole. En région PACA, le système des maladies à déclaration obligatoire a permis d’identifier plus de 310 cas entre janvier et novembre 2010, dont 28 chez les professionnels de santé (9 %). L’étude du Pr Brouqui et col. porte sur 14 cas identifiés dans 3 hôpitaux entre avril et novembre 2010 chez des professionnels de santé. Ces cas confirmés biologiquement sont tous, sauf un seul, survenus chez des sujets de moins de 30 ans (âge moyen 27 ans). Dix d’entre eux concernaient l’équipe médicale : 5 chez des internes, 3 chez des étudiants en médecine et 2 chez des médecins. Les quatre autres cas ont été identifiés chez des infirmier(e)s ou élèves infimier(e)s. Au cours de la période de l’étude, 108 cas de rougeole ont été diagnostiqués chez des malades hospitalisés. « À notre connaissance, aucune transmission de soignant à patient n’a été observée », précisent les auteurs. En revanche, les soignants ont pour la plupart contacté la maladie à l’hôpital (8 ont eu un contact direct avec des patients souffrant de la rougeole, 4 ont été en contact avec des soignants). Deux cas ont développé une rougeole malgré une prophylaxie post-exposition instaurée avant 72 heures (48 heures), comme le veulent les recommandations ; deux autres sujets ont été contaminés en dehors de l’hôpital (rougeole communautaire). Le statut vaccinal était connu pour 10 des 14 cas : 6 n’étaient pas vaccinés ; 4 n’avaient reçu qu’une seule dose de vaccins.
Étude de séroprévalence.
Parallèlement à la description des cas, le Pr Brouqui et col. ont mené une étude de séroprévalence afin de mieux évaluer le statut immunologique des professionnels de santé à l’AP-HM. Entre avril et novembre 2010, les 363 soignants de 3 services de l’hôpital Nord (maladies infectieuses, pédiatrie, urgences adultes) ont été invités à répondre à un questionnaire et à effectuer une sérologie. « Nous avons également recherché le statut immunologique vis-à-vis des oreillons, car, à la même période, 3 cas d’infections ourliennes ont été identifiés chez des étudiants de la faculté de médecine », précisent les auteurs. Les résultats confirment une couverture vaccinale insuffisante chez les adultes jeunes qui ne bénéficient plus d’une immunité naturelle depuis l’introduction du vaccin contre la rougeole pour tous les nourrissons dans le calendrier vaccinal en 1983. Ils montrent que 6,5 % des participants (153 soit 42 %) sont non immunisés contre la rougeole, tous âgés de moins de 30 ans ; 11,7 %, là aussi plutôt les plus jeunes, ne sont pas protégés contre les oreillons.
* Volume 16, n° 2, 13 janvier 2011.
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