L’ENQUÊTE, réalisée entre mars et avril et élaborée par les rédactions de Santé-médecine.net et du Journal des femmes (groupe CCM Benchmark), « révèle la nécessité de connaître précisément les bienfaits du sport », indique le Dr Pierrick Hordé, directeur des rédactions, dont le but est « d’inverser la tendance pour qu’un maximum de Français pratiquent une activité physique ». Seules 28 % des personnes interrogées disent pratiquer une activité sportive régulière.
« Dans le traitement du diabète, l’activité physique a une efficacité semblable à celle des médicaments », rappelle le Dr Boris Hansel, endocrinologue et diabétologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) qui commente l’enquête avec d’autres spécialistes. Si une grande majorité des internautes (88 %) estime que l’alimentation est prioritaire dans la prévention et le traitement de cette maladie, 52 % évoquent la pratique d’une activité physique. « Cela reflète certainement l’idée reçue que le sucre alimentaire est le principal responsable du diabète ». « Nous avons donc un grand travail de communication à accomplir », poursuit le Dr Hansel.
Des bénéfices multiples.
Dans la prévention et le traitement des cancers, les internautes citent l’arrêt du tabac (72 %) et une bonne alimentation (67 %). La pratique d’une activité physique ne vient qu’en troisième position (58 %). « Lorsqu’on compare le nombre de personnes qui répondent "arrêter de fumer" et "activité physique", il n’y a que 15 % de différence. Je pensais que l’écart aurait été plus grand ! », se félicite le Dr Laure Copel, oncologue au département de soins de support à l’Institut Curie (Paris). La spécialiste souligne par ailleurs que le « seul moyen de prévention et de traitement prouvé contre la fatigue induite par les traitements est l’activité physique ». Autre exemple avec l’ostéoporose. Le Dr Erick Legrand, rhumatologue au CHU d’Angers, regrette que le grand public ne fasse pas suffisamment le lien entre « la bonne santé du squelette et l’activité physique ». « Certains pensent même qu’elle est déconseillée car elle pourrait, selon eux, être source de fractures ou de douleurs. Ce qui est faux : si elle est pratiquée correctement, c’est-à-dire adaptée à l’âge et à la santé du patient », corrige le médecin. Et la liste des bénéfices de l’activité physique est encore longue : elle agit également sur l’obésité et le syndrome métabolique, le mal de dos, les états dépressifs, la maladie d’Alzheimer, l’espérance de vie, la vie sexuelle, etc.
Jean-Pierre Davant, président honoraire de la Mutualité française et P-DG de l’IMAPS (société créée par le mouvement mutualiste pour faire valoir le sport au service de la santé), propose notamment que l’activité physique soit prise en charge pour les patients en ALD, « au moyen d’une participation de 150 euros par an des régimes obligatoires et complémentaires, aux frais liés à la pratique d’une activité encadrée pour raisons médicales ». « Cela permettrait non seulement de sauver des vies, d’améliorer la santé de ces patients mais aussi de réaliser des économies substantielles. Ne serait-ce que pour trois affections, le cancer, le diabète et l’insuffisance respiratoire chronique grave, nous avons calculé que cette mesure permettrait une économie de 56,2 millions d’euros par an pour notre système de soins », précise-t-il en espérant que les nouveaux ministres de la Santé et du Sport traduiront cette proposition dans les faits.
Actiphysicien, une nouvelle profession.
Au sein d’hôpitaux ou de réseaux de santé, les premiers actiphysiciens ont fait leur apparition. Ces éducateurs médico-sportifs ont pour objectif de traiter les maladies chroniques par l’activité physique. Ce métier est en « plein essor », assure Laurence Bensimon-Clémente, ancienne championne de natation et actiphysicienne à la Pitié-Salpêtrière. « Les médecins recommandent de consulter un actiphysicien, oralement ou sur ordonnance. Une séance coûte entre 30 et 60 euros, en fonction de sa durée. Ces consultations ne sont pas remboursées par l"Assurance maladie mais certaines complémentaires santé les prennent en charge », ajoute-t-elle. Signe de changement, la ville de Strasbourg teste également un concept de remboursement des abonnements aux vélos municipaux en libre-service sur présentation d’une ordonnance d’activité physique du médecin.
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