LE QUOTIDIEN : Pourquoi prescrire de l’activité physique ?
Pr GÉRARD SAILLANT : C’est un excellent moyen de lutter contre la sédentarité, beaucoup d’études le montrent tant dans le domaine de la prévention que des soins. Qu’il s’agisse de problèmes cardiaques, de cancers, de diabète, les médecins prescrivent trop de médicaments et il me semble que la première ligne de l’ordonnance devrait correspondre à une activité physique.
Faut-il être sportif ou spécialiste pour le proposer ?
Pas du tout. Je ne suis pas favorable aux visites médicales d’aptitude aux activités sportives, car les meilleurs prescripteurs sont au contraire les médecins généralistes qui connaissent mieux leurs patients. Pas besoin d’être spécialiste pour conseiller et prescrire ces activités. Cela concerne avant tout les généralistes qui doivent à la fois se former pour mieux connaître ce qu’est l’activité physique et se renseigner sur le tissu sportif à proximité qui est en mesure d’accueillir les patients.
Voyez-vous des évolutions dans ce domaine ?
Aujourd’hui, on commence à prendre en compte les bienfaits de l’activité physique et contrairement à notre façon de procéder il y a encore une dizaine d’années, lorsque les patients étaient examinés en position couchée ou assise, la dimension dynamique prend le dessus ce qui me semble déterminant, même si beaucoup de travail reste à faire.
À quel moment le proposer ?
Il n’y a pas d’âge pour en parler et l’idée n’est pas que tout le monde fasse du sport à tout prix, mais que chacun réalise l’activité physique qui lui correspond. À l’adolescence, avant la fin de la croissance, il faut l’encourager par tous moyens. Pour le reste il n’y a pas d’âge, ni de limites. Après 40 ans, à la retraite : ces activités restent bénéfiques à toutes les étapes de la vie.
Bouger plus permettrait-il de dépenser moins ?
Beaucoup de chiffres laissent espérer d’importantes économies à réaliser. Dans la prise en charge du diabète, la rééducation des cardiaques ou le suivi des femmes qui ont un cancer du sein, faire ou non une activité physique change considérablement le niveau de récurrence de la pathologie. Dans la prévention, les résultats sont encore plus probants et nous sommes finalement très en retard par rapport à certains pays comme le Canada ou la Scandinavie.
Dans quelle pathologie les progrès sont-ils les plus rapides ?
L’activité physique est le premier traitement contre l’obésité dont le coût est considérable à l’échelle mondiale. Cela se conjugue avec la nutrition pour créer un cercle vertueux. Bouger va de toute façon modifier la façon de s’alimenter, de se comporter et de se débarrasser aussi d’un certain nombre d’addictions.
Parlez-nous de l’expérience pilote à Biarritz et de la rencontre que vous organisez le 21 novembre prochain ?
Chaque année, nous faisons le point sur un thème en lien avec l’activité physique. Maladies chroniques, lien avec l’entreprise... : nous échangeons les meilleurs conseils avec les confrères prêts à se former, à orienter et à suivre leurs patients dans ce domaine. Nous insistons sur le maillon le plus faible : la prescription, mais ceci impose aussi un suivi. Alors, nous réunissons les 50 clubs sportifs et d’activités physiques de la côte basque pour expliquer les meilleures orientations possibles en fonction de l’âge, de l’appétence et des antécédents. Résultat : chaque année quelques dizaines de milliers de kilomètres sont parcourus avec podomètre à l’occasion de Biarritz en forme. L’activité physique a un réel impact thérapeutique et j’invite les confrères à se rapprocher d’urgence des associations et clubs proches des cabinets.
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