L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) met en garde contre les compléments alimentaires à base de berbérine, utilisés pour réguler la glycémie et la cholestérolémie, « bien qu'aucune allégation de santé ne soit autorisée au niveau européen », est-il rappelé.
Dans son avis publié ce jour, l'Agence confirme bien l'existence d'effets pharmacologiques avérés mais à des dosages élevés (400 mg/jour) et alerte sur le fait que « la sécurité d'emploi de ces compléments alimentaires ne peut être à ce jour garantie ».
Des populations vulnérables
L'ANSES recommande à certaines populations (enfants et adolescents, femmes enceintes ou allaitantes, personnes diabétiques, antécédents hépatiques ou cardiaques) de ne pas consommer de compléments alimentaires à base de berbérine.
L'Agence attire l'attention des professionnels de santé « sur la capacité de la berbérine d'interagir avec de nombreux médicaments », et de compromettre l'efficacité de certains d'entre eux, notamment les anticancéreux. Une information à avoir en tête et à rechercher, sachant que les patients traités pour cancer ont souvent recours aux médecines alternatives, notamment les compléments alimentaires, sans en parler à leur médecin.
Un statut réglementaire européen très variable d'un pays à l'autre
Ce travail de l'ANSES fait suite à une saisine de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), celle-ci ayant reçu de nombreuses demandes de reconnaissance mutuelle. Cette procédure permet d'autoriser la mise sur le marché français d'un complément alimentaire fabriqué ou commercialisé dans un autre État membre de la Communauté européenne (CE).
Comme l'ANSES le rappelle, le statut réglementaire de la berbérine est très variable selon les pays : autorisé dans certains (Belgique, Italie, Pologne et, hors CE, au Canada), cet alcaloïde isoquinoléique présent dans différentes plantes est interdit dans d'autres (Allemagne, Serbie, Grèce, Slovénie, Suède, Hongrie).
La dose minimale, une inconnue à lever
Seule la Belgique a défini un seuil à ne pas dépasser : 10 mg/jour. Si l'ANSES conclut d'après la littérature à des effets avérés à la dose de 400 mg/jour, elle écrit toutefois ne pas exclure « que de tels effets puissent intervenir à des doses inférieures ».
À la dose de 400 mg/jour, les effets observés concernent le système cardiovasculaire (effet sur la pression artérielle et le rythme cardiaque), nerveux (effets anticonvulsivants, antidépresseurs et analgésiques), immunitaire (anti-inflammatoire et immunosuppresseur) ou encore sur le métabolisme (hypoglycémiants, hypolipémiants).
Un risque d'effets secondaires
« Cela signifie que la berbérine agit comme un médicament et non plus comme un aliment à cette dose », est-il écrit. Cette action va de pair avec un risque d'effets secondaires tels que troubles gastro-intestinaux, hypoglycémie et hypotension.
En l'état, l'ANSES recommande de mener des études complémentaires pour identifier la dose minimale associée à des effets pharmacologiques permettant de définir le statut réglementaire des produits à base de berbérine.
Dans l'attente, l'Agence attire l'attention des professionnels de santé sur les populations pour lesquelles il convient d'éviter toute consommation de ces produits et sur le risque à connaître d'interactions médicamenteuses, notamment le risque de baisse d'efficacité des anticancéreux.
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