À la suite d'une étude de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rend son avis sur la nécessité de conduire des études chez l’humain pour identifier les effets sanitaires potentiels liés à l’ingestion d’E171, un additif alimentaire constitué de particules de dioxyde de titane.
En septembre 2016, l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) avait indiqué que les expositions actuelles des consommateurs à E171 dans ses utilisations alimentaires n’étaient pas de nature à entraîner un risque sanitaire.
L’étude publiée en janvier 2017 par l’INRA éclaire d’un jour nouveau le dioxyde de titane. Menée sur le rat, elle montre un affaiblissement des réponses immunitaires dans l’intestin et une prédisposition à l’inflammation dans le reste de l’organisme dès 7 jours d’exposition, auxquels s’ajoute un effet initiateur et promoteur sur les stades précoces de la carcinogenèse colorectale. L’INRA insiste aussi sur le fait que l’exposition chez l’homme est chronique car « répétée au quotidien au fur et à mesure des repas, de la consommation de confiseries et majorée par l’utilisation du dentifrice ». Suite à la parution de cette étude, les ministères chargés de la Santé, de l'Économie et des Finances ont saisi l’ANSES d’une demande d’avis relatif à l’exposition alimentaire aux nanoparticules de dioxyde de titane.
Formation de lésions colorectales précancéreuses
L’ANSES est un peu plus prudente dans sa lecture des résultats puisqu’elle confirme seulement un « effet promoteur potentiel de la cancérogenèse de E171 observé au niveau du côlon », c’est-à-dire le fait que, chez les rats, une exposition chronique peut favoriser la formation des lésions colorectales précancéreuses. « Concernant les effets liés à l’inflammation, ceux-ci sont modérés et leur significativité biologique n’est pas établie », ajoute l’agence, et, à propos du potentiel initiateur, « le nombre d’animaux est trop faible pour juger de la significativité ». L’ANSES ajoute que « cette étude apporte de nouveaux éléments par rapport à l’avis de l’EFSA quant à un potentiel effet promoteur cancérogène du E171 », qui « nécessite d’être confirmé par des expérimentations intégrant l’utilisation de biomarqueurs supplémentaires et/ou portant sur des durées d’expositions plus longues afin d’évaluer l’induction tumorale ».
L’agence rappelle que d’autres études sont en cours de publication (notamment sur le passage par le dioxyde de titane de la barrière hémato-encéphalique), mais aussi qu’en mai 2015, à la suite d'une étude chez le rat, elle avait soumis à l’ECHA (agence européenne des produits chimiques) la proposition de classement du dioxyde de titane en tant que substance cancérogène de catégorie 1B par inhalation. La décision est attendue au second semestre 2017. Pour sa part, en 2006, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) avait classé le dioxyde de titane par voie pulmonaire dans le groupe des substances cancérogènes possibles chez l’homme.
Un additif très présent
L’additif alimentaire E171, utilisé comme colorant, est constitué de particules de dioxyde de titane (ou TiO2), partiellement sous forme nanométrique. Il est utilisé en France dans l’alimentation (en particulier dans la production de confiseries, de desserts et crèmes glacées, biscuits, gâteaux, tablettes de chocolat, desserts) mais aussi dans certains produits cosmétiques ou pharmaceutiques (dentifrices, compléments alimentaires).
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