Les Français, en particulier ceux qui sont atteints de maladies respiratoires chroniques comme l'asthme, doivent être mieux informés des précautions d'utilisation des sprays et diffuseurs à base d'huiles essentielles en raison des substances irritantes potentiellement émises, interpelle l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES). Elle publie ce 28 avril un rapport de plus de 250 pages, qui regroupe une étude de toxicovigilance sur l'exposition à ces produits, ainsi qu'une revue de la bibliographie scientifique sur les effets sanitaires des substances.
L’analyse des cas d’intoxication signalés aux centres antipoison et de toxicovigilance (CapTv) révèle des effets indésirables dans les conditions normales d’utilisation, notamment des symptômes irritatifs des yeux et des voies aériennes supérieures (bouche, nez, gorge, larynx et trachée), ainsi que des symptômes de toux et de difficultés respiratoires. Ces symptômes, probablement liés aux huiles riches en phénols ou en cétones, sont en grande majorité de faible gravité et régressent rapidement après arrêt de l’exposition.
Par ailleurs, ces produits émettent des composés organiques volatils (COV) qui peuvent présenter, quand bien même ils sont d'origine naturelle, des propriétés irritantes ou sensibilisantes. En outre, en s'additionnant aux autres sources de COV (mobilier, produits d'entretien, produits cosmétiques), ces produits participent de la pollution de l'air intérieur.
Malades respiratoires et enfants à risque
Même si la littérature scientifique manque, et que d'autres études sont nécessaires pour mieux connaître les substances émises à partir de tels produits et la formation secondaire d'autres composés par oxydation dans l'air, l'ANSES appelle à la prudence. Elle insiste pour que les consommateurs, en particulier lorsqu'ils présentent des maladies respiratoires chroniques comme l'asthme, observent les précautions d'utilisation.
L'Agence recommande que les sprays ou diffuseurs ainsi que les flacons d’huiles essentielles restent hors de portée des jeunes enfants, au même titre que les produits détergents ou les médicaments. En effet, l'étude de toxicovigilance montre que de nombreux cas d’intoxication sont liés à des accidents impliquant les plus petits qui portent tout à leur bouche.
Mieux signaler les symptômes respiratoires
L'ANSES invite les médecins à signaler les cas de personnes ayant présenté des symptômes respiratoires à la suite de l'utilisation de ces sprays et diffuseurs, aux centres antipoison, ou via le portail de signalement des évènements sanitaires indésirables.
Plus largement, l'Agence sanitaire suggère de limiter les sources de polluants intérieurs et d'aérer régulièrement les intérieurs.
Enfin, elle rappelle que les huiles essentielles ne sont absolument pas un moyen de lutter contre le coronavirus. Les centres antipoison ont en effet identifié plusieurs situations à risques impliquant ces produits : auto-médication par voie orale, pulvérisation d’huiles essentielles par une personne asthmatique, ou encore utilisation inappropriée pour désinfecter un masque chirurgical. L'ANSES déconseille clairement aux personnes souffrant d’affections respiratoires et aux femmes enceintes ou allaitantes, d'utiliser ces huiles essentielles.
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